Le gaz algérien et les tiraillements entre dirigeants politiques en Italie

Italie contexte
Le président du Conseil italien était à Alger en décembre 2018. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Dans un contexte mondial en pleine mutation, nombre de pays s’interrogent et tentent de se positionner face à de nouveaux phénomènes de plus en plus hors de contrôle, l’explosion démographique et la conséquente raréfaction des ressources énergétiques, les guerres dites humanitaires, la déferlante des migrants et les choix stratégiques en matière d’alliances et partenariats.

L’Italie, face à ce tableau aux contours préoccupants, est loin de faire exception et essaie de relever un à un des défis qui risquent, à terme, de remettre en question son rôle sur la scène internationale.

En effet, partisane depuis un demi-siècle d’une approche soft et multilatérale dans ses relations avec le monde, Rome a, en réalité, subi la récente guerre en Libye – un allié hautement stratégique – et n’a pu s’y extraire, en raison de ses obligations au sein de l’Otan et de sa position géographique. L’opinion publique, qui a vécu cela comme un camouflet, s’est, depuis, sensiblement raidie en choisissant des courants politiques dits souverainistes : le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue du Nord ; à noter que ces deux partis étaient précisément les seuls à s’opposer aux bombardements de la Libye et se retrouvent ensemble aujourd’hui à la tête du gouvernement du pays.

Or, si ces deux formations politiques partagent une approche commune quant au positionnement du pays au centre de la Méditerranée, leurs visions divergent quant à l’orientation à donner au choix des alliances pour l’avenir ; d’un côté le Mouvement des 5 étoiles et son adhésion à des paramètres de coopération multilatérale, reposant sur le socle européen ; de l’autre, la Ligue du Nord, plus en phase avec Donald Trump, Orban, Bolsonaro et autre Netanyahou.

Cette dualité au sein du gouvernement italien, on la retrouve également sur nombre de thèmes d’actualité, dont la principale est la politique de voies préférentielles et les choix stratégiques en matière d’approvisionnement énergétique.

Sur cette question des plus sensibles, les deux alliés se divisent : l’un, le Mouvement des 5 étoiles, est fidèle à la ligne du père de l’Eni, Enrico Mattei, et des partenariats stratégiques (dont celui avec Sonatrach) ; l’autre, la Ligue du Nord, résolument ouverte au projet américain, en soutien d’Eastmed, le projet israélo-chypriote et proche du Groupe des 12 (Autriche, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) et des 3 mers, (Baltique, Adriatique et Noire) qui ambitionnent de contrecarrer les desseins russes en Méditerranée.

Cette situation des plus paradoxales a obligé maintes fois le président du Conseil, Giuseppe Conte, de préciser que le dossier de l’approvisionnement énergétique de l’Italie est entre de bonnes mains et que les experts italiens sauront ménager l’avenir, tout en préservant les acquis du passé…

Mais nombre de voix, et non des moindres, s’inquiètent du flou ambiant, d’autant que la région est en ce moment une floraison de projets, d’alliances aux visions multiples, dont est étrangement exclue l’Italie !

A cela s’ajoute le tsunami Donald Trump, qui, sur le gaz et sur d’autres dossiers, semble avoir tranché et sur l’Europe applique son mot d’ordre : Etats-Unis dedans, Russie dehors et l’Allemagne aux ordres.

D’où la nécessité pour Rome, estiment des experts au fait du dossier, de parler d’une seule voix, de renforcer son ancrage avec le voisinage immédiat et de renouer avec son rôle de pôle de médiation et de synthèse entre les grandes puissances du monde, dans un contexte régional des plus turbulents et à un moment crucial, où se décident partenariats et alliances.

M. R.

Comment (8)

    Le pétrole et le Gaz source de nos problèmes.
    11 juin 2019 - 22 h 05 min

    Nôtre GAZ er nôtre PÉTROLE et stocker dans nôtre sous sol.
    Il est bien là ou il est .
    L’avantage d’être stocké dans son état naturel.
    La fermentation du pétrole créera plus de volume de GAZ dans sa nappe et l’augmentera d’avantage encore et encore.
    Et nos enfants et petits enfants l’utiliseront j’espère à bonne escient.
    Si le monde est encore monde.
    Seul Allah c’est de quoi sera fait demain.

      Anonyme
      12 juin 2019 - 8 h 19 min

      Et pendant ce temps tu règles la facture de nos importations avec quoi? Des dattes?

    Zina
    11 juin 2019 - 11 h 05 min

    Aucun pays européen ne « plaisante » lorsqu’il s’agit de sa sécurité énergétique, et ce, quel que ce soit le parti politique à la tête de son Gouvernement. Et justement, pour le même souci, tout pays dépendant des importations en gaz, diversifie ses sources d’approvisionnement pour ne pas être pris en otage par un seul fournisseur en cas de conflits. Evidemment, ce gaz a un prix incluant, entre autres, son coût d’acheminement jusqu’à destination finale. La proximité géographique revêt donc un caractère stratégique et économique.
    S’agissant de l’Algérie et l’Italie, leur partenariat dans le secteur du gaz naturel ne date pas d’hier. C’est un commun accord en effet qu’ils s’étaient accordés pour relier les deux pays (via la Tunisie) à travers un gazoduc sous-marin « Transmed » traversant la Méditerranée à une profondeur jamais égalée auparavant, rebaptisé « Enrico Matteï ». Il est en opération depuis 1983.
    Par ailleurs, beaucoup de projets ont été envisagés après la découverte de réserves en gaz dans l’Est de la Méditerranée mais leur acheminement jusqu’en Europe du Sud reste problématique..

    affoun
    11 juin 2019 - 9 h 52 min

    Les stratèges d’outre-mers se préparent pour l’avenir et étudient les différents cas possible pour casser les prix des hydrocarbures afin d’appauvrir davantage le monde Arabe, et encourager les autres ( USA et sa famille) de dominer le monde, déstabiliser les pays qui leurs dérangent . Donc les recettes de notre chère pays seront très limitées et notre économie, qui est malheureusement axé sur ce produit, serai en difficulté.
    Il est temps de notre part d’investir dans d’autres créneaux et a leur tête l’agriculture, ainsi que la production des proudits a large consommation au niveau international?

    Tin-Hinane
    11 juin 2019 - 9 h 26 min

    Ce n’est pas ce qui apparait, il est vrai que le jeu politique de Donald Trump fausse un peu la donne par ses contradictions et son apparente incohérence. Mais il semblerait plutôt que tout en étant en accord avec le président américain, les chefs d’état européens d’extrême droite entretiennent de très bonnes relations avec le Kremlin. D’autre part quel intérêt pour eux de s’aligner avec Israël? tous les pays d’Europe occidentale et les USA (principal créateur de l’entité sioniste) étaient déjà sur cette ligne et ce depuis 1948. Pourquoi Viktor Oban et Salvini renouvelleraient ils aujourd’hui leur « attachement » à l’état juif. Non je trouve que ça ne colle pas, l’Europe est certes divisée mais pas de la manière dont il est décrit dans l’article. Attendons de voir où va Trump exactement et les choses deviendront plus claires. Pour le moment ce qu’on appelle pudiquement les « nationalismes » européens sont en train de l’emporter et de se mettre en place. L’Europe revient à son vieux démon le fascisme et pourquoi pas, nous avons pu constater les dégâts commis par la gauche européenne au pouvoir ces trente dernières années dans les pays arabes, d’amérique latine, d’asie et d’afrique. C’est la gauche européenne qui est l’allié indéfectible d’Israël, l’extrême droite serait plutôt antisémite. Je pense que ce qui a été mis en place par l’occident à la chute de l’URSS est en train de prendre fin, l’occident a dans les faits perdu, nous sommes à la queue de la comète, en tout cas je l’espère.

      Elephant Man
      11 juin 2019 - 10 h 22 min

      @Tin-Hinane
      J’attire votre attention sur un fait majeur l’extrême droite européenne est SIONISTE et donc pro-IsRatHell Salvini se déclare un ami de Netanyahou et se complaît en kippa devant le mur des lamentations. Idem MLP et son RN en France. L’extrême droite européenne est islamophobe et ce que j’appelle l’antisémitisme RÉEL, une cible unique.
      C’est du national sionisme.

        Tin-Hinane
        11 juin 2019 - 14 h 56 min

        @Elephant Man.
        De l’extrême droite à l’extrême gauche l’europe est islamophobe (c’est dans leur adn). En fait la seule constance politique est le racisme qui érigé en idéologie dominante dans les pays d’occident, la seule différence c’est que l’extrême droite ne s’en cache pas alors que la gauche et son extrême avancent masqués. En revanche, contrairement à la gauche, l’extrême droite est réellement anti-sémite bien que là ils ne l’avouent pas tous et pas tout à fait. Ils font certainement des simagrées avec Israël et les juifs parce qu’ils font partie des pouvoirs en Europe et qu’ils ne peuvent pas faire autrement pour l’instant, ils se sont alliés aux juifs alors qu’ils ne les aiment pas et ils sont un peu coincés chah! tant que l’occident sera dominant dans le monde (droite ou gauche), Israël et le sionisme ne seront pas remis en question car israël n’existe que par la volonté de l’occident.

    El pueblo
    11 juin 2019 - 8 h 08 min

    C’est l’éffet boomerang
    voilà ce qu’ont récolté ces demoncraties en assassinant feu KADHAFI tout comme leurs guerres en Irak Syrie, Mali etc
    FICHEZ NOUS LA PAIX B……..

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