Abdelaziz Rahabi : «Aucune autorité ne peut fixer la date de la présidentielle dans le contexte actuel»
Par Mounir Serraï – L’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi, actuellement coordinateur du Forum du dialogue national, estime que l’élection présidentielle ne peut se tenir qu’une fois les conditions et le climat politiques le permettent. Pour lui, il n’est pas possible de convoquer le corps électoral dans le contexte actuel parce que le peuple n’est pas prêt à les accepter. «L’Algérie est dans une impasse politique dont les conséquences sont imprévisibles», estime Rahabi, qui a été l’un des artisans de la conférence du dialogue national qui s’est tenue samedi à Alger. «Aucune autorité en Algérie, ni la présidence de la République, ni nous-mêmes, ni les forces politiques, n’est en mesure de fixer une date pour la tenue de la présidentielle.»
«L’élection présidentielle sera organisée quand toutes les mesures de confiance seront mises en place et quand les Algériens seront convaincus de la sincérité du gouvernement d’organiser des élections transparentes et régulières. C’est l’environnement global qui détermine. Vous ne pouvez pas fixer de date et vous retrouver dans la même situation du 4 juillet.
C’est un processus qui peut durer six mois ou plus, parce qu’il doit intervenir après un accord politique, après une maturation de la situation, après l’établissement de la confiance entre les Algériens et les autorités publiques. Il est donc difficile de fixer une date, parce que nous ne sommes pas dans une situation normale de convocation du corps électoral», estime Rahabi, selon lequel l’Algérie est dans une impasse qui doit trouver une solution politique négociée, consensuelle, graduelle et pacifique pour sortir de la crise.
«La date de l’élection n’est pas la clé de la solution. La clé de la solution est l’accord politique global entre les forces politiques et un environnement de nature à donner aux Algériens le sentiment qu’ils vont dans une élection propre, que leurs voix ne seront pas détournées, que les choses ont changé et que le pays rentre véritablement dans un processus électoral démocratique», ajoute Rahabi pour lequel il n’y a pas de préalables insurmontables à cet accord politique si nécessaire à la crise.
Pour lui, l’objectif est d’arriver à un compromis solide. Ce compromis solide consiste en les garanties que le pouvoir doit donner pour des élections transparentes. «Le pouvoir est-il disposé à céder de ses prérogatives et à accompagner cet effort de sortie de crise ?» se demande-t-il, tout en notant que le pouvoir a bien évolué à travers le discours du président de l’Etat mais uniquement sur le plan technique.
Pour Rahabi, cela reste insuffisant, parce que peu de choses ont changé. Il faut, selon lui, lever toutes les entraves à l’exercice libre et démocratique de l’activité politique, à la liberté de réunion, la répression et les intimidations pendant les marches, la fermeture des médias publics… Il estime qu’il faut trouver une solution novatrice mais pas à n’importe quel prix.
Rahabi affirme que la conférence du dialogue national va poursuivre ses contacts pour élargir le débat aux autres forces politiques dans le but de trouver un accord politique global. Ainsi donc, Rahabi ira à la rencontre des membres de l’alternative démocratique, à savoir le RCD, le PT, le FFS, le PST, le PLD, le MDS et l’UCP.
M. S.
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