Seule la menace de l’amplification des grèves des ouvriers a ébranlé le régime

ENMTP société civile
Manifestation devant le siège de l'UGTA. PPAgency

Par Mesloub Khider – L’analyse partielle et partiale qui veut que l’assaut démocratique de la société civile aurait suffi pour ébranler le pouvoir et précipiter le départ de Bouteflika pèche par une simplification intéressée des événements, observés par la lorgnette caricaturalement libérale mais jamais par la gigantesque fenêtre ouvrière.

Une chose est sûre : ce n’est assurément pas le sursaut démocratique pacifique qui a acculé l’état-major de l’armée à entrer en action. A sortir de son encasernement légendaire pour enrégimenter le pouvoir menacé d’éclatement. Pour sauver le soldat étatique et économique.

C’est l’éruption des travailleurs algériens sur le front de la lutte sociale et économique qui a contraint l’armée à changer son fusil d’épaule afin de neutraliser les mouvements de grève menaçant l’ordre établi. Aussi, pour désamorcer le mouvement de contestation social en voie d’exacerbation subversive, le pouvoir, désormais directement assuré par l’état-major de l’armée en raison de la menace d’insurrection sociale, a préféré préventivement accéder aux revendications des travailleurs entrés massivement en lutte.

Les médias ont délibérément éludé ce soulèvement larvé ouvrier, préférant focaliser leur attention politiquement orientée sur les marches pacifiques de la société civile hétéroclite devenue célèbre pour ses manifestations hebdomadaires.

Depuis le début du soulèvement du 22 février, au sein des classes populaires, en particulier parmi les travailleurs, le mécontentement n’a cessé de croître du fait de conditions sociales dégradées et dégradantes, de l’absence de travail et de la modicité des salaires.

Au plus haut moment charnière du soulèvement populaire, des dizaines d’entreprises ont été en proie aux grèves. Des milliers de travailleurs ont, en effet, débrayé dans de nombreuses sociétés. Durant tout les mois de mars et avril, des appels à la grève générale ont été lancés. Certes ces appels à une «grève générale» ont inégalement été suivis, mais ils ont été particulièrement entendus parmi les travailleurs algériens des entreprises productives publiques et privées, parmi les employés des administrations et des transports, les enseignants et les professeurs d’université et autres catégories professionnelles. De surcroît, outre l’éruption des grèves ouvrières massives, des protestations de chômeurs et des explosions de violence populaire ont surgi en divers endroits du pays : des alertes inquiétantes pour l’ordre établi. Des actions qui contrastent avec les manifestations politiques pacifiques. Qui plus est, des luttes puissantes et triomphantes axées sur les revendications salariales et les conditions de travail, contre les licenciements, contre la dictature de l’encadrement hiérarchique mafieux, la mainmise du syndicat d’Etat l’UGTA. Ces luttes revendicatives des travailleurs algériens ont constitué une ébauche d’autonomie ouvrière, une amorce d’auto-organisation.

Dans la sidérurgie et les mines de fer, des milliers d’ouvriers ont mené de longues grèves. Grâce à leur détermination et leur mobilisation, ils ont obtenu d’importantes augmentations de salaire, une amélioration des conditions de travail. Revendications obtenues directement par la négociation avec la direction des entreprises, le syndicat étatique l’UGTA ayant été écarté.

Dans le secteur de la sidérurgie, au cours du mois d’avril, plus de 70% des travailleurs des diverses mines de fer étaient en grève, générant des pertes considérables du chiffre d’affaires. Ces grèves ont permis d’arracher une augmentation du salaire de presque 10 000 dinars, des primes de rendement individuelles et collectives, des remboursements en cas d’accident de travail par l’assurance sociale. A Constantine, les travailleurs de l’entreprises des tracteurs agricoles (Etrag) se sont mis, à leur tour, en grève début avril. A Mostaganem, le port a été paralysé au cours du mois d’avril par la quasi-totalité des travailleurs portuaires. Ils ont exigé le congédiement du PDG, le renouvellement des contrats d’une catégorie de salariés précaires, l’augmentation des salaires de 20% avec un effet rétroactif à partir de janvier 2018. Revendications satisfaites dans leur intégralité. A Béjaïa, l’entreprise de confection Alcost a été également en proie à une grève engagée par les 720 ouvrières du secteur, au cri de «pas d’augmentation, pas de travail !».

L’entreprise publique d’électroménager d’Oued Aïssi, Eniem, était également en grève. Au cri de «nous voulons le changement du système et non un changement dans le système», les deux mille travailleurs d’Eniem ont manifesté contre le régime et contre la direction de l’UGTA, dénoncé pour son inféodation au patronat.

De toute évidence, ces grèves massives ont affecté gravement l’économie, notamment le secteur productif. Les investissements ont considérablement baissé, les prêts bancaires ont été réduits.

L’Etat-patron mafieux algérien a été sérieusement ébranlé dans ses fondements par ces gigantesques grèves menées par les glorieux travailleurs algériens. De là s’explique l’intervention ostentatoirement précipitée et intelligemment calculée de l’armée pour désamorcer la bombe révolutionnaire ouvrière. D’une part, par la satisfaction des revendications des travailleurs en grève afin de neutraliser cette extraordinaire force menaçant la survie de la classe dominante ; d’autre part, par l’opération «mains propres» bien ciblée, en jetant à la vindicte populaire quelques affairistes.

Face à la crise politique interminable de la domination du pouvoir grabataire moribond, seule la classe ouvrière algérienne organisée peut offrir une issue authentiquement révolutionnaire.

A l’évidence, devant l’enlisement du mouvement démocratique bourgeois, dirigé par les élites algériennes autoproclamées représentantes du peuple algérien sans avoir reçu aucun mandat, par ailleurs affaibli par ses atermoiements et déchiré par des intérêts contradictoires, qui plus est incapable d’organiser une alternative fiable au pouvoir mafieux illégitime, seuls les travailleurs algériens, en lien avec les chômeurs et l’ensemble des catégories sociales populaires déshéritées, sans oublier le monumental bataillon estudiantin, peuvent dénouer la crise par l’application de l’arme de la grève générale, de l’insubordination civile et de la désobéissance au commandement d’entreprise, afin d’ouvrir la voie à un rapport de forces favorable à la prise du pouvoir immédiat par le peuple.

M. K.

Comment (30)

    hombre
    11 août 2019 - 12 h 48 min

    les longues greve affaiblissent les plus faibles ,non on travaille la semaine et manif le vendredi ,avec le ventre plein on tiens plus longtemps

    anonyme
    8 août 2019 - 13 h 24 min

    L’auteur nous présente une lecture des événements où le rôle de la classe ouvrière est quelque peu surdimensionné et surtout mythifié au point où l’on se demande si sans la mobilisation des travailleurs le Hirak aurait existé. Les étudiants, les femmes, les associations ont été le fer de lance de ce vaste mouvement… auquel se sont joints, bien entendu, les travailleurs. C’est donc un phénomène d’une plus grande ampleur.
    Une contradiction semble aujourd’hui affecter sérieusement le développement de ce mouvement, contradiction qui est la résultante de la jonction de deux mouvements asymétriques : l’aspiration de tout un peuple à l’édification d’un état démocratique et moderne dans son organisation, d’une part, et la résurgence d’une société « courtisée » par des courants prônant un état organisé sur une base religieuse d’un Islam féodal pour ne pas dire archaïque.
    Cela dit, aspirer à un état démocratique et moderne est une chose, le réaliser est une autre. Rien dans notre histoire ni dans notre culture encore moins dans notre organisation sociale ne nous donne aujourd’hui la clé pour réussir un tel défi. Si nous avons pu nous défaire de plus d’un siècle de colonialisme, c’est parce que : 1- grâce aux luttes militaires et politiques (différents soulèvements), l’élite algérienne d’alors a fini par acquérir une culture et des modes d’organisation révolutionnaire qui in fine l’aida à concrétiser ses objectifs ; 2- Notre ennemi était étranger (envahisseur, colonialiste et de surcroît européen et chrétien), ce qui a fortement légitimé notre combat et lui a donné tout son sens et toute sa force. Or, aujourd’hui, nous n’affrontons pas un ennemi extérieur. Il s’agit donc de revoir de fond en comble l’organisation de la société algérienne et pas seulement d’un point de vue politique. Car politiquement, les formes actuelles instituées de la représentation et les organismes sociopolitiques ne sont pas représentatifs et encore moins légitimes. En théorie, l’Algérie est un Etat organisé à l’instar d’autres Etats modernes (constitution, institutions, armée, société civile), dans les faits, cependant, depuis 1962, c’est une oligarchie militaro-affairiste qui dirige le pays. Les institutions ne sont qu’un décor qui n’a trompé que les naïfs. Quant à la constitution, elle sert de faire-valoir. Nous avons toujours navigué dans un no man’s land politique.
    A lire certains, ce qui se passe en ce moment dans notre pays n’est qu’une partie d’échecs perdue d’avance, une parodie de lutte dont la finalité est la reconduction d’une « confrérie bis ». Pour eux, le problème restera insoluble tant que la rente pétrolière continuera à régir l’organisation même de l’Etat et de la société et tant que le peuple ne se sera pas affranchi de son état « d’assisté ». Cette réalité existe, le peuple en a été d’abord la victime avant de réaliser qu’à l’instar des dirigeants, il pouvait à son tour en être bénéficiaire. Doit-on le juger et le condamner de façon définitive ? « L’enfermement psychologique », il le vit déjà depuis des décennies, n’est-ce pas là une forme de purgatoire ? Doit-on le vouer aux « géhennes » ?
    Que dire de ce gigantesque mouvement de masse qui a fait tomber le président et son clan ? Depuis, la prise de conscience qui est perceptible dans les discours et dans les faits se raffermit à chaque vendredi. Doit-on néanmoins rester captif de cette image dégradante de « peuple d’assistés », de « tubes digestifs », de « 30 millions d’opportunistes » prêts à basculer d’un côté ou de l’autre, etc. ? Je conçois que l’on puisse désespérer face à une réalité si complexe à appréhender… Libre à eux d’avoir une lecture plutôt nihiliste voire cynique. Ce que nous savons tous de notre expérience d’humain c’est que la vie nous surprendra toujours.
    La réalité est là, elle crève le regard ; l’esprit, même s’il tarde à se libérer totalement de ses fâcheuses habitudes, de cette « culture de proximité » qui le poussa des décennies durant à user de « raccourcis » en « navigant » dans les courants troubles et parfois malodorants d’un contexte socio-politique désespérant, reprend du poil de la bête. Il a généré une force au-delà de ce que nous pouvions espérer jusque-là, une espèce d’ « El Nino » politique prêt à embraser ce qui reste de l’ancien système.
    Plusieurs mois se sont écoulés depuis ce fameux 22 février, le résultat n’est pas si mince. Une avancée cruciale fut arrachée : le peuple s’est définitivement affranchi de la peur. C’est une victoire dont la portée résonnera longtemps encore. Il est vrai que les revendications vont crescendo sans trouver d’écho. (Descendre dans la rue crier des slogans hostiles au pouvoir conforte probablement les participants dans la justesse et la légitimité de leurs revendications mais n’est pour l’heure d’aucune efficacité pouvant faire « vaciller » le système en place.) C’est pourquoi d’autres formes de luttes sont nécessaires, plus dures et plus ciblées : grève générale des secteurs sensibles (pétrole, électricité, gaz, transport, administration).
    La victoire n’est pas encore à portée de mains, elle nécessitera sans doute des sacrifices, des luttes de l’abnégation, de la solidarité et de la constance, l’adversaire est coriace.
    Seule condition pour réussir, en croyant en nous-mêmes, en évitant le piège des divisions et en poursuivant la lutte. Sans rien lâcher !
    Car ce combat est juste. Il est celui d’un peuple qui regarde l’horizon avec impatience.
    Un lecteur lambda vous salue, amis.

    lhadi
    7 août 2019 - 17 h 51 min

    L’auteur de la contribution a le nez penché sur le guidon d’une draisienne, que grand bien lui fasse.

    (fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Blakel
    7 août 2019 - 17 h 00 min

    Je ne vais pas prendre position sur la question de savoir, s’il est opportun ou non de passer à la désobéissance civile, d’autant plus que c’est une notion vaste, il faudrait s’entendre sur la forme qu’elle prendrait. Par contre je voudrais parler de la question de l’efficacité de la désobéissance civile. Pour moi, comme pour les autres formes de luttes pacifiques, c’est une affaire quantitative avant tout. Si le Hirak n’avait mobilisé que des milliers de personnes, tout comme les manifestations qui se déroulaient ici ou là, les années précédentes, le 5e mandat serait passé comme une lettre à La Poste. C’est parce que les manifestations ont mobilisé des millions de personnes à travers le pays, que la donne a changé. De même si la désobeissance civile se limite à quelques petites grèves par ci, par là, quelques petits boycotts locaux, et autres initiatives limitées et non coordonnées, l’effet sera assez limité. Par contre si les grèves sont massives, les opérations de boycott des institutions et des autorités publiques généralisées, aucun, je dis bien aucun, aucun, système ou régime ne peut tenir, qu’il soit démocratique, ou dictatorial. Tous les systèmes ou régimes ont une structure plus ou moins pyramidales, si la base se dérobe, le sommet s’écroule. Aucune décision inique et contraire à l’intérêt général, ne peut s’appliquer, sans une armée d’exécutants zélés, et la passivité, la résignation, et le fatalisme du peuple.
    Il ne faut pas oublier que c’est grace à la désobéissance civile prônée par Gandhi, que le plus grand empire de l’époque, avait dû renoncer à sa plus grande colonie.

      Anonyme
      7 août 2019 - 17 h 33 min

      Si les grèves sont massives, si elles sont soutenues, si si si !

      Et qui voyez-vous comme Gandhi chez nous ? Godot ou le Mahdi ?

      Et l’Angleterre a renoncé à ses colonies pour moins que ça !

    Brahms
    7 août 2019 - 15 h 49 min

    C’est un régime de despote et de feignant juste bon à faire fortune en frottant leur derrière sur un siège. Il croque la poire (Algérie) pour n’en laisser que le trognon. Il redistribue nos richesses naturelles aux Romains et Français qui reviennent piller nos sous sol faisant ainsi leur fortune et ce, en contrepartie de cash – flow qui repart en Suisse puis à Bruxelles. En échange, ils nous ont mis un dinar local (billet de monopoly) qui sert juste de monnaie de troc. Tout est tronqué et truqué, c’est zéro partout. Allez voir si en Suisse ou en France, on s’amuse à faire le change de devises avec des gamins de rues. Après, ils vous disent, ce Ministre à Bac + 3, il a un master, une licence, un Doctorat alors qu’il est incapable d’ériger un système financier.

    Mouanis Bekari
    7 août 2019 - 15 h 02 min

    @Karamazov
    D’accord pour réfuter un lien de cause à effet, stricto sensu, entre revendications « ouvrières » et « Hirak ». Mais je persiste à croire, à espérer, que les luttes, réelles, qui se sont déroulées ici et là, même anonymisées par les médias, ont eu une part dans la créativité et la combativité de la protestation. Cela dit, je ne saurais dire dans quelle mesure.
    Oui, sans le coup de force du 5ème mandat, il n’y aurait probablement rien eu. Mais il y a eu cette aberration. Et je pense qu’elle est inhérente à la nature du « système ». L’exhérédation politique des Algériens « devait » mener à leur néantisation et, par conséquent, autoriser le 5ème mandat. Est-ce que les conditions objectives étaient réunies pour l’émergence du « Hirak » ? Bien malin qui saura y répondre. Mais il est indubitable que le 5ème mandat a accéléré la maturation des éléments qui, a priori, n’étaient pas suffisants par eux-mêmes.
    « Société parasitaire » ? Malheureusement vous avez raison. Mais la formule est cruelle. On pourrait gloser longuement sur la déresponsabilisation orchestrée des Algériens, dès l’entame, et son infantilisation, qui a métamorphosé la crédulité religieuse de nos parents, une crédulité innocente, au sens étymologique, en cette bigoterie hargneuse et malfaisante. Mais les faits sont têtus.
    Rien à ajouter pour le reste. Sinon que votre cynisme est tentant. Mais pourquoi pas une révolution culturelle ? Toute cette jeunesse qui commence à prendre conscience de ses lacunes, n’est-ce pas un sujet d’espérance ?

    Karamazov
    7 août 2019 - 13 h 41 min

    @ Mouanis Bekari
    7 août 2019 – 11 h 43 min

    Bonjour,

    Je n’ai pas seulement nié : »l’exclusivité des revendications « ouvrières » sur l’émergence du « Hirak » » j’ai surtout réfuté le lien de cause à effet .

    Pour moua quelles que soient les conditions propices à l’émergence d’un « Hirak » sans l’aberration du cinquième mandat il n’y aurait rien eu .Même si les conditions sociales et culturelles pour l’émergence de la3djev dans notre société sont toutes réunies ( les monstres des crises selon Gramsci). Ce mouvement ne pouvait s’acheter une conscience de classe dans une société gangrenée par la bigoterie.

    Il me semble que M.K a recadré le débat et rectifié son tir. Je n’ai rien lu de péjoratif dans son article .

    Cependant j’aurais préféré une critique radicale du Hirak ou du moins de cette « société parasitaire » qu’il a par ailleurs toujours gloriolée.

    Quant à « révolution petite bourgeoise », appliquée au Hirak, je suis d’accord avec vous , ce serait plutôt un compliment, du moins par rapport à « société parasitaire » ce qui n’est pas faux. ( un parasite est quelqu’un qui vit au dépend de son hôte comme un ténia, l’Algérien a le même rapport au pays avec le pétrole), Notre société ne produit pas ce qu’elle consomme.

    Moua je considère qu’il n’y a eu que deux révolutions dans l’histoire : la révolution bourgeoise capitaliste et la révolution communiste russe qui toutes les deux ont bouleversé l’histoire du 20ème siècle. Le terme petit bourgeois est trop en avance pour qualifier le hirak qui lui est rivé sur tous les archaïsmes de notre société. Le petit bourgeois joue le riche tout étant conservateur, il n’a rien de révolutionnaire.

    Pour moua , les prémices d’une révolution chez nous n’apparaîtront qu’après une révolution culturelle. Ou un cataclysme géologique.

    Le peuple algérien n'est pas dupe.
    7 août 2019 - 12 h 16 min

    L’Hirak sans l’intervention de Gaid Salah et son armée.
    Saïd Boutiflica et tous les mafieux que contient l’Algérie opéreraient encore ou dépeçage de l’Algérie.
    Beaucoup énormément sont encore fondu dans la masse et sont en activités.
    Mais avec la patience la vigilance et la persévèrence des algériennes et algériens nous les mettront tous hors état de nuire.

    Mouanis Bekari
    7 août 2019 - 11 h 43 min

    @Karamazov: Je crois que vous avez raison de nier l’exclusivité des revendications « ouvrières » sur l’émergence du « Hirak ». Qui soit dit en passant est une dénomination qui a le défaut des ses qualités. Son éloquence concise la rend propre à l’entendement de tous, tout en la privant des sous-bassement qui la fonde. Quoi qu’il en soit, les algériens ne se sont pas transformés sans transition de « tubes digestifs ambulants » en protestataires exemplaires. Même si cette protestation a les aspects d’une revendication « petite bourgeoise ». D’ailleurs, pourquoi faudrait-il que ce qualificatif soit exclusivement péjoratif? Les avancées sociales sont-elles le seul apanage du prolétariat? Les revendications catégorielles ont certainement eu leur part dans l’éveil des consciences et on peut imaginer que ceux qui protestent le font, consciemment ou non, forts de leur expérience revendicatives en tant qu’objets de la domination économique. Bien entendu, vous avez raison sur le point de l’absence de capitalisme en Algérie, du moins dans sa mission historique d’éclosion des éveils, mais la prédation à besoin de proies et, mais vous le savez, la relation dialectique qu’elle entretient avec ses victimes est la source de la riposte.

    Mesloub Khider
    7 août 2019 - 11 h 42 min

    Par la rédaction de ce texte, j’ai voulu à ma manière rendre hommage à cette minorité invisible méprisée, pourtant seule composante productive de la société parasitaire algérienne. En effet, parmi l’ensemble des millions de personnes qui manifeste depuis 6 mois contre le régime, ces braves travailleurs algériens sont les seuls à maintenir l’Algérie debout, grâce à leur labeur. Quoi qu’il en soit, la seule catégorie sociale à avoir obtenu satisfaction à leurs revendications, c’est la classe ouvrière algérienne. En l’espace de quelques jours, au moyen de leurs grèves, ils ont fait plier le pouvoir. Ils ont obtenu une substantielle augmentation de leurs salaires, une nette amélioration de leurs conditions de travail, des garanties sociales complémentaires, des primes, l’embauche des travailleurs intérimaires, etc. C’est une belle victoire pour nos braves travailleurs algériens. Ces forces de travail de la nation algérienne vont pouvoir mieux nourrir leurs familles et travailler dans de meilleures conditions. Cela me ravit grandement.

      Karamzov
      7 août 2019 - 12 h 26 min

      Ce qui se conçoit bien s’annonce clairement ! Dont acte !

      Mais fourgué dans cette marmelade hirakienne, ça ne passait pas !
      Par contre « société parasitaire algérienne » . C’est jouli aussi ! Mais je lui préfère toujours  » tubes digestifs ambulants » de Tovarich Abou Stroff qui aurait pu éclairer de ses savantes lumières le débat .

      Vous êtes un parasite nuisible.
      7 août 2019 - 12 h 49 min

      Réponse a : Mesloub Khider
      7 août 2019 – 11 h 42 min

      Nous savons que vous roulez pour vos maîtres de l’étranger à la destruction de l’Algérie.
      Vous dite ce que les oreilles des algériennes et algériens aiment entendre.
      La vérité vos réelles intentions et de satisfaire vos commentaires insidieux pour des raisons d’intérêts personnels et celles de vôtre famille.
      Partout au monde l’intérêt général prime avant les intérêts d’un groupe où d’une frange de la société , qui de surcroît sont de parti pris au K.O. .
      Le K.O. arrêtera les poursuites judiciaires contre ceux qui ont anéanti l’Algérie et saignées son peuple.
      Ils libéreront tous ces traîtres mafieux conspirateurs avec l’ennemi.
      Ils reprendront le pouvoir par des coups de passe/passe.
      Et le peuple pourra s’assoir sur leurs transition définitivement.
      L’Algérie doit d’abord se reconstruire en mettant en place une économie industrielle saine et productive made in algérie.
      Ensuite elle envisagera des augmentations par un relèvement du salaire minimum.
      Et des augmentations aux cas par cas selon les spécificités de chacun.
      Des aides sociales par des avantages pour les plus précaires.
      Ce n’est pas en distribuant les peux d’économies que l’Algérie lui reste.
      Que cela fera sortir l’Algérie de la situation critique que les détenus mafieux ont créés.
      Les biens l’argent qu’ils ont volés servirait à lui seul à aider beaucoup de familles pauvres.
      Vous Mesloub Khider vous faite semblant d’ignorer ces faits en mettant de l’huile sur le feu.
      L’armée et Gaïd Salah la justice les forces de l’ordre sont les seuls qui vont dans le sens de L’Hirak.
      Ils l’ont toujours étés et ils le demeureront jusqu’au bout malgré les conspirateurs que vous faite parti.
      Chercher à convaincre que les élections présidentielles sont la première étape d’un long processus de transformation qui permettra à l’Algérie de vraiment naître.
      Et nous débarrasser des traîtres conspirateurs aux malheurs de l’Algérie et de son peuple.
      Quand l’Algérie imposera vous serez fier de vous.
      Vous porterez se très lourd fardeau.

      Anonyme
      7 août 2019 - 14 h 12 min

      Arretons de nous mentir:
      les travailleurs algériens ne pourraient jamais vivre de ce qu´ils produisent donc de leur « labeur », dans une économie inséree, ouverte et donc dans une situation de concurrence internationale, vu le rendement et la qualité du travailleur algérien.
      Toutes les augmentations salariales en Algérie se font en dehors de toute logique (économique).
      Si l´on veut sortir des sentiers battus et mettre l´Algérie sur la voie du dévelopement, la nouvelle république aura beaucoup affaire à convaincre les Algériens de se mettre au (vrai) travail,vus les forces d´inertie dues aux mauvaises habitudes.

      MELLO
      9 août 2019 - 9 h 42 min

      Monsieur Mesloub khider, vos écrits et vos contributions ont été, de tout temps , capitales et concises , il est inutile de reployer vos neurones pour expliquer le fond de vos pensées.
      Une reference qu’est Lounis Ait Menguellat qui, lorsqu’on lui demande d’expliquer ses chansons et poesies , il rétorque que lorsqu’il chante , chacun pourra apprécier et donner un sens a sa convenance.
      En effet c’est grace a cette force de travail qui se lèvent quotidiennement a 6h pour aller « poser une pierre a cette bâtisse Algérie » pour la consolider davantage.
      La différence entre le travail et la Force de travail découle du caractère volontaire par lequel les hommes et/ou les femmes s’engagent dans le travail et se réalise au travers de leur travail. Si cette force venait a se retirer , l’edifice Algérie risquerait l’écroulement.

        Mesloub Khider
        9 août 2019 - 13 h 51 min

        Monsieur MELLO. Merci pour vos réguliers éloges à propos de mes contributions. Je tiens surtout à vous remercier pour votre évocation du grand poète algérien d’expression kabyle, Ait Menguellet, cité comme référence. Cela me va droit au cœur car j’ai une fervente administration pour ce monumental chanteur à la poésie ciselée, au vers percutant, à la pensée étincelante de philosophie. Je l’écoute fréquemment. J’ai même un livre dédicacé de lui, ouvrage consacré à toute son oeuvre, écrit par Tassadit Yacine et préfacé par Kateb Yacine. Ait Menguellet est le plus grand poète du 20e siècle au monde. Merci mon cher ami.

    YACINE
    7 août 2019 - 10 h 54 min

    Conclusion : Que faut-il faire pour faire degager ce systeme ?
    Une seule reponse : Greve generale illimitee .
    Nous sommes prets a souffrir ce qu’il faut , mais que l’on finisse !
    Au bout de trois jours , le regime s’effondrera , mais l’etat restera debout .

    Regardez ce qui s’est passe au Soudan. Ce n’est qu’apres la greve generale que les militaires ont consentis a ceder le pouvoir aux civiles .
    Alors preparons nous pour septembre . Il faut en finir , car l’economie du pays est entrain de perir .Il faut sauver l’algerie et ne pas ecouter les contres revolutionnaires !

    Rahoum Galou
    7 août 2019 - 10 h 44 min

    Le socle du Hirak pour l’auteur est la classe ouvrière.Ah bon ! Comment expliquer alors qu’ils n’ont pas reussi à déloger Sidi Said , qui est sorti par la grande porte du syndicat ?

    Djamel AIT HAMOUDI
    7 août 2019 - 10 h 26 min

    Aujourd’hui c’est plus possible de continuer à marcher les vendredis, cette démarche montre ses limites.

    L’APN part en déconfiture, avec l’instrumentalisation de son institution par des irresponsables à leur commandement qui ne servent que des intérêts clanique.

    Comment réveiller les consciences de nos soldats et de nos forces de l’ordre qui sont leurs pieds d’appui pour qu’il renonce à exécuter les ordres contraires à la sécurité du peuple ?

    La façon la plus radicale et la plus Pacifique c’est la grève générale, pour qu’il entende la volonté du peuple et s’y soumette.

    Toutes les mères, les étudiants dans tous leurs ensembles, les chômeurs, les ouvriers et les fonctionnaires devraient cesser toute activité et descendre dans la rue les jours de semaine.

    Et annoncer que quiconque use de violence ou représailles contre un seul manifestant aura des comptes à rendre ou qu’il aille.

    Le seul obstacle ce sont nos soldas et les forces de l’ordres qu’on a détourné de leurs missions.

    Le peuple et la nation Algérienne est en danger, agissons tous ensemble pour notre bien à tous.

    Le-petit-rat-de-l'Opéra
    7 août 2019 - 9 h 19 min

    Avis à ceux qui souffrent de la censure des journaux électroniques (AP TSA, Interlignes etc.) : Installer gratuitement OPERA qui contient un VPN (gratuit) . Je l’utilise sans problème et sans surprise depuis deux ans. On peut lire tous les journaux en ligne et envoyer tous les messages et textes auxquels AUCUNE MESURE de AGS (et ses doubabjis) ne pourra rien, et il continuera à croire’il a tué la presse, alors qu’il ne fait que pi…er dans le sable. Ce n’est pas la fin de tous les problèmes liés à la censure et à la confidentialité, mais très efficace pour ce que l’on veut en faire dans ce contexte. Il y a bien sûr d’autres VPN gratuits, mais OPERA ne bouleverse ni modifie en aucune façon les données et les programmes de votre ordinateur. Ceci n’est pas une pub. C’est une préconisation. Salam alikoum.

      MELLO
      7 août 2019 - 13 h 47 min

      Vivement merci. Spaciba. Thank you. Thanmirth.

    57
    7 août 2019 - 9 h 09 min

    gaid a la solution a tout les problèmes il va envoyer l armer remplacer les grévistes

      Amergu
      7 août 2019 - 10 h 50 min

      Qui défendra alors l’Algerie de la main de l’étranger?

    Karamazov
    7 août 2019 - 8 h 40 min

    « C’est l’éruption des travailleurs algériens sur le front de la lutte sociale et économique qui a contraint l’armée à changer son fusil d’épaule afin de neutraliser les mouvements de grève menaçant l’ordre établi. ».  

    Possible !

    Vous êtes le seul à nous parler de ces revendications corporatistes et à leur faire un lien avec le départ des Boutef et compagnie.

    Vous avez balayé l’aberration du cinquième mandat pour nous sortir des luttes ouvrières dont nous autres on n’a peu ou pas entendu parler.

    Selon vous ce ne sont pas des considérations purement claniques qui ont abouti au départ des Boutef en quelques jours seulement mais un soulèvement ouvrier passé quasiment inaperçu, sauf par des voyants comme vous .

    Vous suggérez une révolution prolétarienne .Une révolte des canuts. Un mouvement social-ouvrier. Comme en Pologne ? Il va falloir nous trouver un Lech Walesa pour guider le peuple. Mais il ne faut pas rêver.

    Iben moua je m’interroge sur la façon de transformer cette branlade populacière en mouvement ouvrier et comment vous allez transformer la religiosité outrancière par une conscience de classe et ces troupeaux de « tubes digestifs ambulants » en prolétariat.

    Par contre j’ai apprécié   « mouvement démocratique bourgeois »   pour qualifier le Hirak . Non pas qu’il soit juste, car ni le mot « bourgeois » ni le mot « démocratique » ne sont appropriés, mais c’est kamim bien asséné.

    Sauf que vous confondez les époques les cultures et les peuples. Il n’y pas de capitalistes ou d’industriels et encore moins d’ouvriers chez nous.

    Bon courage !

    harissa
    7 août 2019 - 8 h 29 min

    C’est le hirak qui a mené le changement ,et l’arrêt des élections manipulées vers un cinquième mandat ,il y a toujours eu des grèves et elles étaient décidées a des fins revendicatives liées aux conditions de travail et de rémunérations des ouvriers .Il n’y a jamais eu de mouvement d’ensemble des travailleurs pour revendiquer un quelconque changement de politique ou de gouvernement ,chaque grévistes défendait son beefsteack et pas autre chose .Les ouvriers d’ENIEM sont intervenus pour recevoir les matières premières et les pièces pour monter les appareils ,leur seul souci ,travailler .Les défilés du vendredi des algériens ouvriers ,retraités ,chômeurs confondus et les défilés des étudiants ont ébranlé le pouvoir et rien d’autre .

    ABOU NOUASS
    7 août 2019 - 8 h 16 min

    Mr Khider, les travailleurs qui font grève sont dans le hirak, ce sont des algériens .

    Les étudiants aussi sont dans le hirak et sont des algériens

    Les médecins et avocats sont dans le hirak et sont aussi algériens

    Moralité : aucune distinction à faire, tous ceux qui font grève ou sont dans la rue avec slogans et drapeaux

    sont tous pour cette magnifique révolution d’un autre temps et d’une autre manière.

    Alors pas d’amalgame s v p

    Mouanis Bekari
    7 août 2019 - 7 h 26 min

    Bonjour,
    Très intéressante approche, complètement occultée, à ma connaissance, dans l’analyse des origines du « Hirak ». Dans quelle mesure les luttes ouvrières, pour parler vite, ont-elles contribué au murissement de la contestation et transformé la grogne générale et révolte? C’est assurément un sujet qui exige d’être traité si l’on veut comprendre la brutale irruption du peuple dans la vie politique. La maturité dont fait montre le peuple ne peut être le fruit d’une génération spontanée et il est clair que ses revendications sont irriguées pas les luttes auxquelles le capitalisme sauvage a acculé les algériens.

    Anonyme
    7 août 2019 - 7 h 20 min

    « Une chose est sûre : ce n’est assurément pas le sursaut démocratique.. » « seule la menace démocratie grève.. » « Les médias ont délibérément éludé ce soulèvement larvé ouvrier ». Le ton de l’article et la volonté d’avoir raison de l’auteur dès les premières phrases est un peu dérangeant. Comme s’il ne pouvait pas y avoir une conjonction de plusieurs facteurs. J’aimerais que l’auteur nous démontre comment des manifestations gigantesques et généralisées peuvent ne pas impressionner un dirigeant, ou un chef d’État. Concernant le mouvement des travailleurs, celui-ci faisait et fait partie des manifestations. C’est même après avoir manifesté le vendredi qu’on a vu des travailleurs faire un sitting devant leur usine avec les banderolles de la veille. Les 2 mouvements sont liés

    karimdz
    7 août 2019 - 6 h 27 min

    La grève existe aussi dans les états dits démocratiques…

      sauce-samurai
      7 août 2019 - 12 h 52 min

      Elle existe les gréves, elle es orienté par des syndicats qui forment en réalité une caste qui collabore avec le pouvoir, pour mené toutes les revendication a l’échec, la preuve étant l’UGTA, et toutes les luttes ouvrières en France de ces 40 dernières années, vu que l’on a hérité des même poisons que sont la république et le syndicalisme sociale-traître.

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