Intrigant message attribué à un mouvement appelant à l’état d’exception
Par Houari A. – Une organisation qui se donne pour nom «Mouvement jeunesse éveillée» a rendu public un long manifeste transmis à la presse dans lequel elle appelle à l’instauration de l’état d’exception.
Dans son long plaidoyer pour «l’éveil d’une génération qui affirme sa force et ses convictions», cette organisation, qui s’autorise à parler au nom de la jeunesse de façon anonyme – la déclaration n’est pas signée –, n’en défend pas moins le maintien de l’octogénaire chef d’état-major à son poste, en l’invitant à «appliquer l’article 107 de la Constitution».
«Nous commençons notre proposition par demander l’application de l’article 107 de la Constitution et la déclaration de l’état d’exception afin de donner un cadre légal aux actions du Président par intérim (…) [et] de ne pas risquer le piège du vide constitutionnel», lit-on dans ce communiqué qui semble sortir tout droit des laboratoires secrets de la machine de propagande mise en place par le pouvoir et qui infeste les réseaux sociaux et certains médias.
Et le communiqué d’applaudir des deux mains «la proposition formulée par le commandement de l’ANP d’aller rapidement vers une élection présidentielle», en reprenant les laïus redondants de Gaïd-Salah et de son poulain Ali Benflis qui insistent sur la tenue d’une élection présidentielle «au plus tôt» et sur le refus de toute transition «qui aurait des conséquences désastreuses pour notre jeune nation». «Ce communiqué qui parle au nom des jeunes évoque la nécessité de s’atteler à la construction de l’Algérie de demain en donnant un quitus à un chef d’état-major au crépuscule de sa vie qui a dépassé l’âge légal de la retraire depuis seize ans», a commenté non sans ironie un observateur en lisant la déclaration qui n’en est pas à sa première aberration.
En effet, cette organisation appelle à la fois à l’instauration d’un régime militaire intérimaire et à la «suppression des lois liberticides» (sic). L’intrigue n’est pas tant dans le contenu du texte truffé d’anormalités, comme celles nombreuses auxquelles le peuple algérien s’est habitué depuis plus de vingt ans et qui ont conduit à la grave crise politique actuelle que les tenants du pouvoir en place s’échinent à reproduire, mais dans sa diffusion à une semaine d’une rentrée sociale qui s’annonce difficile.
H. A.
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