L’Occident oxydé
Par Mrizek Sahraoui – Le monde est entré dans une nouvelle ère qui s’est ouverte dès après l’arrivée du Covid-19 : l’ère de l’Occident oxydé. Ceux d’entre les plus honnêtes citoyens occidentaux, gavés de mensonges par leurs responsables politiques respectifs, se le disent haut et fort et tout unaniment. Les autres, les chauvins, moins enclins à admettre l’évidence, gardent l’espoir, tentant tant bien que mal de s’accrocher maladroitement à l’idée qu’il s’agit simplement d’une petite tempête passagère sans risque de grandes séquelles. Seulement, vu d’ailleurs, et de façon objective et sans une once de complaisance, ce monde dit «libre», hier maître absolu du monde, aujourd’hui Occident oxydé donc, devra se résoudre à accepter la fatale vérité que le mythe s’est effondré.
Et pour cause, sur 264 000 morts dans le monde, et plus de 3,76 millions de cas officiellement diagnostiqués dans 195 pays, les Américains se sont hissés à la première marche macabre du podium avec 73 431 victimes, suivis des Britanniques avec 30 076 morts, des Italiens comptant 29 684 personnes décédées. Les Espagnols et les Français ont enregistré des bilans funestes avec respectivement 26 070 et 25 809 personnes mortellement touchées par le coronavirus.
Autrement dit, personne n’est à l’abri de rien, y compris donc cet Occident pourtant si riche, tellement riche que l’on y meurt faute d’un masque chirurgical ; on y décède par manque d’un respirateur. On y meurt et y décède car l’hôpital public, le parent pauvre des politiques publiques quand celles-ci existent, est délaissé, notamment en France, en dépit des appels et des revendications légitimes portés pendant des mois par les personnels et les praticiens de la santé qui n’ont finissent pas de se plaindre des conditions dans lesquelles ils remplissent leurs missions.
Il a suffi d’un virus nommé Covid-19 qui a mis le monde sens dessus-dessous, l’humanité à sa place, pour mettre à nu l’insondable impuissance des dirigeants occidentaux à protéger les populations dont ils ont la charge. Des populations qui ont payé le prix fort car, au moment où le mystérieux virus sévit avec une violence inouïe et fait des morts par dizaines de milliers, au sommet des Etats occidentaux, responsables politiques, spécialistes chantres du combat pour la sauvegarde des intérêts des laboratoires pharmaceutiques et autres journalistes apologistes délibèrent sur la marche à suivre dans un indescriptible hourvari, comme d’habitude, revêtu du saint-chrême démocratique. Mais n’en n’ayant ni endigué la pandémie ni, à tout le moins, rassuré les peuples en détresse. C’était lorsque la priorité des priorités devait être à l’adage hippocratique : Primum non nocere (d’abord ne pas nuire). 7
Il ne fait guère de doute que c’est ailleurs qu’en Amérique et qu’en Europe que l’homme a fait montre de son intelligence pour combattre dans la discrétion et avec humilité l’ennemi commun à tous, c’est-à-dire l’humanité. Cette humanité qui a tant manqué à cet Occident arrogant assis sur les trésors des autres, mais qui vit désormais au rythme des libertés qui s’en vont, une après une, présage omineux.
Cet Occident, alias communauté internationale, l’implexe qui décide de tout et partout, néanmoins, pour combattre le Covid-19 se moquant des frontières comme des riches, ne dut son salut qu’à l’aide venue en partie d’ailleurs : Chine et Russie pour ceux-ci, de Cuba – qui a gagné une fantastique victoire géopolitique – pour ceux-là, la France, l’Italie et, loin là-bas, au chevet de l’ami, le pays du Cap de Bonne-Espérance, en l’occurrence.
M. S.
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