Le général Othmane Benmiloud avoue avoir comploté contre le général Hassan
Par Nabil D. – L’ancien patron de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), le général Othmane Benmiloud, dit Kamel, vient d’être arrêté et incarcéré à la prison militaire de Blida, rapporte le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira. Le lanceur d’alerte a révélé que l’ex-patron du Centre principal militaire d’investigation (CPMI), relevant de la DCSA, a fait des aveux d’une importance capitale sur l’affaire de l’ancien chef du service de coordination opérationnel et de renseignement antiterroriste (SCORAT), le général Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, incarcéré en novembre 2015 et qui purgera sa peine dans deux mois.
Le général Othmane Benmiloud, qui avait été entendu une première fois avant d’être relâché, a admis, toujours selon le journaliste, avoir mis le général Hassan sur écoute et l’avoir piégé en enregistrant une communication téléphonique qu’il avait eue avec lui et durant laquelle il avait sévèrement critiqué le général Ahmed Gaïd-Salah. Le général Benmiloud a, alors, fait écouter l’enregistrement à l’ancien chef d’état-major de l’armée et ce dernier a ordonné son arrestation en lui collant une accusation fallacieuse.
Autre révélation gravissime : le général Othmane Benmiloud, avec la complicité de Gaïd-Salah, aurait saboté une opération montée par le général Hassan pour libérer les sept diplomates algériens enlevés à Gao, dans le Nord-Mali. La stratégie élaborée par le patron du service antiterroriste au sein du DRS consistait à infiltrer le groupe terroriste auteur de l’enlèvement sur le territoire malien pour neutraliser le groupe armé et rapatrier les fonctionnaires algériens vivants. C’est une véritable bombe que vient de dévoiler Saïd Bensedira, connu pour ses sources fiables et pour ses informations qui se révèlent exactes à chaque fois. «Les aveux du général Othmane Benmiloud impliquent de nombreux officiers, à leur tête le général Gaïd-Salah qui protégeait ce clan mafieux qui comptait également dans ses rangs les généraux Ghali Belkecir, Wassini Bouazza, Abdelkader Lachkhem et l’actuel ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati», indique l’influenceur réfugié à Londres.
L’ancien chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Toufik, avait défendu le général Hassan dans sa première et dernière déclaration publique, en décembre 2015. «Consterné par l’annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran à l’encontre du général Hassan, et après avoir usé toutes les voies réglementaires et officielles, j’ai estimé qu’il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l’intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin», avait-il écrit.
«Le général Hassan était le chef d’un service érigé par le décret agissant sous l’autorité de mon département. A ce titre, il était chargé d’une mission prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations en relation avec les objectifs fixés. Les activités de son service étaient suivies régulièrement dans le cadre réglementaire. En ce qui concerne l’opération qui lui a valu l’accusation d’infraction aux consignes générales, j’affirme qu’il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns», avait souligné le général Toufik.
«Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l’opération, je l’ai félicité – lui et ses collaborateurs – et encouragé à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès. Il a géré ce dossier dans les règles, en respectant le code de travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel vivement recommandé dans le cas d’espèce», avait-il insisté, en soulignant que le général Hassan «s’est entièrement consacré à sa mission» et «a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République» et mettant en avant «sa loyauté et son honnêteté professionnelle» qui «ne peuvent être mises en cause». «Il fait partie de cette catégorie de cadres capables d’apporter le plus transcendant aux institutions qu’ils servent», avait encore écrit le général Toufik qui appelait à «réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion» et à «laver l’honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie».
N. D.
Comment (31)