Exercer la liberté

détenus liberté
Lors d'une manifestation pour la libération des détenus politiques et d'opinion. PPAgency

Par Nouredine Benferhat – La liberté est, avec l’égalité, l’individu et la raison, l’une des valeurs cardinales de la modernité. Elle a irrigué la pensée et l’action des mouvements de libération avant de se voir confisquée par des ambitions de pouvoir et des idéologies totalitaires. Valeur fondatrice de l’émancipation des peuples et des nations, elle est le récit de la libération progressive de l’individu des contraintes qui pèsent sur sa destinée.

Des combats sont toujours à livrer pour garantir son expression sociale autour des lois et règlements pour éviter que l’arbitraire individuel ne permette à l’un quelconque de mettre à profit sa supériorité physique, économique ou autre pour limiter la liberté d‘autrui.

Dès lors, la contrainte sociale, réglementation, loi, norme, assortie de la menace de sanctions qu’elle fait peser, garantit l’existence et l’exercice de la liberté de chacun dans le sens de la cohésion sociale et de la foi dans les institutions.

Cette contrainte sera d’autant acceptée qu’elle est rationnelle, quand elle s’impose à toutes les catégories et quand elle n’est pas imposée par une interprétation religieuse décalée et déphasée et que, comme dit Durkheim, «par le seul fait de notre consentement éclairé, elle cesse d’être pour nous une humiliation et une servitude».

La contrainte sociale n’est pas opposée, au contraire, à l’idée de liberté. La rationalité, c’est-à-dire la capacité de l’humain à réfléchir, sans manipulation ni menace afin d’orienter le sens, a partie liée avec l’exercice de la liberté. La contrainte sociale qui s’interprète en termes de lois, règlements, institutions, réduit les zones où peuvent se fomenter des stratégies de détournement – corruption, népotisme, gabegie, etc. – qui provoquent un «comportement de résistance» et des révoltes populaires exacerbées qui peuvent conduire à la déstructuration des peuples.

La liberté devient réalité quand elle se révèle non seulement à travers des possibilités de choix, mais aussi à la faveur de la réalisation de ces possibilités. La persistance d’atavismes archaïques et les influences dogmatiques en font perdre la substance s’ils n’en détournent pas le sens.

Les libertés ne sont jamais définitivement acquises, elles sont à conquérir et requièrent une culture associative autonome et une constante vigilance.

N. B.

Comment (9)

    TOLGA - ZAÂTCHA
    11 août 2020 - 4 h 31 min

    LA MEILLEURE FAÇON DE TENIR EN LAISSE UN PEUPLE, C’EST DE LUI FAIRE CROIRE QU’IL EST
    « libre »… Tel est le rôle premier de la politique et des politiciens.
    Nous faire croire, à tout prix, et par n’importe quel moyen que nous sommes…. « libres ». Alors que nous ne le sommes point que nous ne l’avons JAMAIS été et que nous ne le serons JAMAIS….
    L’homme est toujours à la recherche de cet idéal évanescent qu’il appelle « liberté », qu’il n’atteindra JAMAIS !!! Pour son grand malheur.
    L’homme n’a toujours pas compris que LE POUVOIR NE SE PARTAGE PAS. JAMAIS !!!

    HHIKAYA
    10 août 2020 - 13 h 16 min

    Si pouvoir aboyer, se fatiguer pour rien veut dire liberté : Non merci.
    La liberté ne peut exister longtemps car trop fragile : au moindre contrecoup elle s’evapore!
    Le chien peut aboyer comme il veut sans pour cela obtenir plus de nourriture.
    ou alors sa ration journalière est partagée par trois : il aura l’impression de manger trois fois au lieu d’une !
    Chez certains, ce chien est frappé s’il aboie de trop : mais il a la même ration.
    Après certains malins viennent dire au chien, on te détache ainsi tu peux etre libre d’aboyer et de mordre ton maitre…
    Mais qui va le nourrir et l’abriter alors ?

    JE N'Y CROIS PAS.....
    9 août 2020 - 22 h 47 min

    Mr. Nouredine Benferhat, pensez-vous, SINCÈREMENT, que « LA LIBERTÉ » existe réellement ou que ce n’est qu’un simple concept que l’Humanité se bat éternellement depuis la nuit des temps ? Perso, je n’y crois pas ! Car « LA LIBERTÉ » est un idéal que l’être humain ne pourra jamais atteindre. Les peuples qui se sont battus pour leur LIBERTÉ et leur indépendance sont-ils libres, aujourd’hui ? Ouvrez les yeux ! Le constat est LÀ pour vous prouver le contraire….. ne vous en déplaise.

    AL GHERAQ
    8 août 2020 - 18 h 55 min

    L’exercice de la LIBERTÉ ne doit nullement commettre ou (nous) mener à l’exercice de….. L’ANARCHIE. Car MA « liberté » S’ARRÊTE là, où commence CELLE DE L’AUTRE… (Rousseau).

    lhadi
    8 août 2020 - 15 h 04 min

    Le fait que je porte un regard lucide sur la réalité et que je dénonce l’hypocrisie me conduit à interpeller les citoyens algériens à créer les conditions où chacun aura les moyens de faire usage des libertés inscrites dans la loi fondamentale de la république. Qu’il s’agisse des libertés d’expression, de réunion et de manifestation, des libertés d’organisation syndicale et politique.

    La liberté, ce n’est pas seulement la possibilité de protester. C’est la possibilité pour le citoyen de réaliser – de se réaliser pleinement. Et il n’y a pas de liberté si tous les citoyens n’ont pas cette liberté-là. Avec le système actuel, nous sommes loin du compte car il n’y a pas de liberté pour celui qui n’a pas de pain.

    Il ne suffit pas de proclamer la liberté dans les textes de lois, Il importe aussi d’assurer la liberté effective des hommes – et pour cela la fonder sur l’amélioration radicale de leurs conditions d’existence, sur l’assurance du travail, d’une vieillesse heureuse, d’une jeunesse sûre de son avenir parce qu’elle se verra munie des moyens de faire fructifier ses capacités.

    La liberté, c’est la liberté de travailler et de choisir son travail, c’est la liberté d’apprendre et de se cultiver, la liberté de se loger, de disposer de loisirs et jouir d’une vieillesse heureuse, la liberté d’élever décemment le nombre d’enfants que l’on souhaite, la liberté d’opinion, d’expression, de réunion et d’association, la liberté de participer à la gestion de son entreprise et à la direction des affaires de son village, de sa ville, du pays…. La liberté, c’est tout cela ensemble et pour tous.

    Elle passe par une organisation sociale telle qu’elle libère le citoyen des soucis matériels et de la hantise du lendemain, donne satisfaction à ses besoins matériels et culturels, lui assure les conditions propices à un développement multilatéral, permettant à sa personnalité de s’épanouir. Elle implique la disparition de ce système insane qui se traduit aujourd’hui par la domination d’une infime minorité de privilégiés sur la plus grande partie de la population.

    A mes yeux, il importe donc de marcher vers la société nouvelle sans sacrifier ni altérer aucun des droits, aucune des libertés personnelles ou collectives que le peuple algérien, au prix des larmes et du sang, a acquis. Je dirai, même, qu’il faut les élargir et développer continuellement la démocratie car c’est la condition première de la construction victorieuse de notre pays.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Abou Stroff
    8 août 2020 - 14 h 14 min

    « exercer la liberté » titre N. B. et l’auteur avance: « La liberté est, avec l’égalité, l’individu et la raison, l’une des valeurs cardinales de la modernité. »
    en somme, la liberté à laquelle fait référence l’auteur serait la liberté telle que comprise dans une formation sociale où le capitalisme aurait atteint sa plénitude.
    en effet,
    – au sein d’une société bourgeoise (ou société capitaliste avancée) il y a une pseudo égalité devant la loi qui cache une inégalité devant la possession des moyens de production et une inégalité incommensurable lorsqu’il s’agit de délimiter les pouvoirs de chacun (un sdf a t il les mêmes pouvoirs qu’un dirigeant d’une entreprise côté en bourse?). dans la savane africaine, la liberté du bushman n’est elle pas entravée par la liberté du lézard qui lui sert de nourriture?
    – le capitalisme, en tant que système, a dénoué les « fils » qui rattachaient, l’esclave au maître et le serf au seigneur et a libéré l’individu, à travers un procès d’individuation (clin d’oeil à Komrad Karamazov), de toute entrave manifeste. cependant, l’individu-ouvrier qui n’appartient à personne en particulier et qui se croit libre de toute entrave,, n’appartient il pas, de fait, à la classe capitaliste via le capital en tant que rapport social? n’est ce pas cette appartenance (qui n’apparaît pas au sein des textes juridiques) à la classe capitaliste que le capital, en tant que rapport social permet de dissimuler?
    – quant à la raison, que peut elle signifier en dehors d’un contexte historiquement daté et/ou spatialement cerné? dans une société de classes, la raison n’est elle pas la raison des couches dominantes, raison que les couches dominées et asservies admettent comme étant la RAISON?
    en fait, si nous admettons que: « La liberté n’est pas dans une indépendance rêvée à l’égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en oeuvre méthodiquement pour des fins déterminées » (F. Engels), alors, il nous faut reconnaître que dans la cas de la formation sociale algérienne, notre liberté ne peut émerger que si nous appréhendons cette dernière comme formation dominée par un système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation et que le dépassement de ce système qui nous avilit et nous réduit à des infra-humains s’inscrira comme jalons essentiel dans le processus de notre humanisation qui est le PROCESSUS à travers lequel, nous nous approcherons de notre liberté.

    HEY !
    8 août 2020 - 12 h 55 min

    OUI en effet !
    Et la liberté en étant pragmatique est le moyen d’ingérence des puissances dans les pays maintenus en domination.
    Vous croyez que l’Occident applique la liberté en placant ses pions pour diriger les peuples?
    Elle est où le liberté du peuple du SAHARA OCCIDENTAL et de la PALESTINE ?
    La liberté de cacher que le mec qui a braqué une banque au Havre réclamait le droit aux Palestiniens de moins de 40 ans de pouvoir aller là ou les plus agés sont tolérés…
    N’essayez pas de plaire coute que coute à l’Europe qui nous accable et aide nos ennemis contre nous!
    Il existe des puissances bien plus honnetes avec qui traiter en confiance.
    A moins que les intérêts de nos haut placés (Africains) passent avant ceux de leur Nation (disons plutôt colonie…).
    On montre que les peuples Africain ont pour seule préocupation la musique, le folklore, le Foot et les peoples Occidenteaux avec quelques interviews bien montés de femmes demandant la liberté…
    QUELLE COLONIE FRANCAISE A PROGRESSE DEPUIS SON INDEPENDANCE FICTIVE ?
    PAR RAPPORT A CELLE DES ANGLAIS Y’A PAS PHOTO : COMPAREZ !
    LE RESTE N’EST QUE POUDRE AU YEUX .
    A chaque visite d’un envoyé FR en Afrique je me dis : Quel catastrophe va ENCORE s’abattre sur ce pauvre pays !

    Belveder
    8 août 2020 - 11 h 15 min

    On devrait commencer a L école primaire a inculqué CES Notions aux futurs grands Citoyens Algeriens..
    partout dans le MONDE des univérsités; des formations; des colloques; des encadrements; sont organisé par les PARTIS les assoss aux militants ou aux simples citoyens ..
    Depuis le Boulversement de LA Comm.et l arrivées des réseaux Sociaux personne ne connais SES LIMITES et exige Liberté de diffusé commenté voir diffamé sans limites
    Beaucoup de ces arréstations de militants seraient évités si chacun connaissait ses limites

    Karamazov
    8 août 2020 - 10 h 02 min

    je n’avais pas lta de disserter sur la liberté , si le titre ne m’avait pas interpellé .

    « Exercer la liberté » . C’est un pléonasme.

    Car la liberté c’est la conscience de la liberté qui se réalise est non seulement une abstraction. A quoi sert la liberté de voyager si on n’en a pas les moyens ? A quoi sert la liberté de culte si on s’interdit de s’en affranchir ?
    La liberté ce n’est pas seulement la liberté de choix , c’est aussi la liberté de non-choix.

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