Un autre G20 pour rien
Par Mrizek Sahraoui – Le sommet du G20, organisé les 15 et 16 novembre à Bali, en Indonésie, s’est achevé sans déroger à la règle : un sommet pour rien, comme l’ont presque été tous les précédents. Même si la rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping à la veille de ce sommet, lors duquel a plané l’ombre de Vladimir Poutine, le grand absent du forum a laissé planer l’espoir d’entame d’une nouvelle séquence où la volonté d’œuvrer pour une paix durable dans le monde et des relations internationales pacifiques et amicales allait prendre le pas sur la logique guerrière d’un Occident plus que jamais belliqueux.
L’entretien, qui a duré trois heures, et la poignée de mains très chaleureuse entre les présidents chinois et américain tout sourire replet ont été perçus comme un signe évident d’un début de détente entre les deux superpuissances après plusieurs années passées à se regarder en chiens de faïence.
Joe Biden, sorti indemne des élections de mi-mandat en réussissant à garder le Sénat dans l’escarcelle démocrate, et Xi Jinping, triomphalement réélu pour un troisième mandat à la tête de la locomotive économique mondiale, ont plaidé en faveur de relations apaisées entre les Etats-Unis et la Chine et, par ricochet logiquement, au sein de la communauté internationale en général. Le président américain a dit qu’«il n’y a pas de nouvelle guerre froide avec la Chine», et le président chinois d’assurer que la Chine n’avait pas l’intention de «changer l’ordre international existant».
«Le pire est à venir», a alerté le FMI en octobre dernier. Face à cela, le sommet du G20 n’a pris aucune résolution tangible – tout comme sur le réchauffement climatique d’ailleurs – de nature à pallier les contre-performances de l’économie mondiale. La montagne aura, au final, accouché d’une souris. Une grande incertitude pèse sur l’économie mondiale avec de sombres perspectives. L’inflation a atteint des niveaux jamais égalée. Les prévisions du Fonds monétaire international tablent sur le chiffre de 8,8 % pour l’année 2022. Les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres ou en voie de développement ne cessent de s’accroître.
Et tous ces sujets essentiels sont passés à la trappe, éclipsés par un missile tombé sur le sol polonais. Le G20 est mis sous pression par le président ukrainien, lequel s’est empressé de pointer la responsabilité de la Russie, alors que la raison, la responsabilité devait requérir l’extrême prudence. L’OTAN a indiqué qu’il s’est probablement agi d’un missile de la défense antiaérienne ukrainienne.
Point notable qui a recueilli au terme des travaux l’unanimité des membres du G20, dont la Russie bien entendu : tous ont souligné que «l’usage, ou la menace d’utiliser des armes nucléaires, est inadmissible».
M. S.
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