Attaques frénétiques contre l’Algérie : Xavier Driencourt passe aux aveux
Par Abdelkader S. – C’était donc ça. L’ancien ambassadeur de France à Alger est passé aux aveux dans une «note» sur la relation algéro-française commandée par l’Institut Thomas More, un think tank basé à Bruxelles et Paris, qui se présente comme un «laboratoire de solutions innovantes», un «centre d’expertise» et un «relais d’influence». Dans son «analyse» intitulée «Le pari algérien d’Emmanuel Macron : illusions, risques et erreurs», Xavier Driencourt affiche ostentatoirement, pour la première fois, son allégeance au régime monarchique de Rabat, en regrettant la «relation abîmée entre la France et le Maroc»
«[Le] choix délibéré en faveur d’Alger a une […] conséquence dommageable : il a contribué à brouiller la France avec le Maroc, alors que, jusqu’à présent, elle avait réussi à maintenir un équilibre entre les deux capitales maghrébines. En février dernier, une source officielle au sein du gouvernement marocain affirmait, en effet, que les relations n’étaient ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Elysée. Or, la France a besoin d’une relation apaisée avec le Maroc. Croire que le pari algérien nous dispensera de rapports amicaux et substantiels avec Rabat est une erreur : les dossiers politiques, sécuritaires, économiques, migratoires sur lesquels la France doit travailler avec le Maroc ne manquent pas», écrit le diplomate à la retraite, pour lequel «aujourd’hui, l’exclusivité du choix en faveur d’Alger nous a éloignés de lui».
«Par son choix en faveur d’Alger, le président Macron laisse en quelque sorte filer le Maroc vers d’autres alliés ou partenaires : des alliés occidentaux comme l’Espagne, les Etats-Unis, Israël – dont l’alliance de ces derniers avec le royaume chérifien est magnifiée par les Accords d’Abraham en 2020 – mais aussi la Chine», s’inquiète Xavier Driencourt qui invite les décideurs de son pays à «se demander qui sont nos alliés, qui sont nos amis». «A ce stade, nous nous sommes écartés du Maroc et nous ne récoltons rien, ou pas grand-chose, de notre pari algérien», insiste-t-il.
Xavier Driencourt trouve que le Maroc est le pays «le plus stable de la région» car il «fait preuve d’un dynamisme et d’une stratégie économiques offrant des opportunités qu’on ne peut négliger». Et de chanter les louanges du Makhzen. «Aspirant à la reconnaissance de son statut de puissance régionale, nous ne pouvons laisser notre relation avec le Maroc se dégrader encore», prône-t-il, en survolant toutefois quelques dossiers au sujet desquels il pense que «se contenter de jeter un voile pudique ne peut être une solution». La France doit reprendre l’initiative. Peut-être pas seule et en réfléchissant à un schéma nouveau», prône-t-il, en suggérant une «formule inédite» : un «3+3» qui «mériterait à tout le moins une étude approfondie».
Par «3+3», l’auteur de L’Enigme algérienne entend une sorte de dialogue Nord-Sud entre la France, l’Espagne et l’Italie, d’un côté, et l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, de l’autre, le diplomate sachant néanmoins qu’une telle option est tout bonnement impossible vu l’immense écart qui sépare les intérêts des pays en question, chacun d’entre eux jetant leur dévolu sur des accords bilatéraux.
Si Xavier Driencourt propose une telle démarche utopique, c’est qu’il sait l’importance de l’Algérie dans l’échiquier méditerranéen, africain et arabe, en tant qu’acteur majeur, loin devant le régime monarchique de Mohammed VI qu’il flatte tout en occultant sa nature autocratique et prédatrice.
A. S.
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