L’expert international Mohamed Sayoud prône deux paramètres pour stopper la hausse des prix

Sayoud
L'expert international Mohamed Sayoud. D. R.

Fort de ses trente années d’expérience en tant que chef d’entreprise à l’international, notamment en Allemagne, Mohamed Sayoud, expert et consultant international en investissement industriel et touristique, fondateur du cabinet de conseils et d’études sino-algéro-allemand Invest Design Consulting, estime que la baisse continue de la valeur du dinar reste l’une des principales causes de la hausse des prix actuelle des produits de grande consommation. Un dinar si faible, conjugué au niveau exorbitant des frais de transport maritime, a un impact négatif réel sur les importations de matières premières dans les secteurs agricole et industriel. Par effet domino, les coûts de production et les prix de vente augmentent à leur tour. Toutefois, il convient de prendre en considération les dysfonctionnements liés à la spéculation, l’anarchie des marchés informels et le monopole dû au manque d’investissement et de concurrence. A ces paramètres macroéconomiques s’ajoute la marge bénéficiaire élevée appliquée au circuit de vente à partir du producteur jusqu’au dernier maillon de la vente en détail.

Mohamed Sayoud souligne, par ailleurs, que ce continuum inflationniste tous azimuts épuise considérablement le pouvoir d’achat du citoyen algérien qui, selon lui, est le résultat de trois variables, à savoir la puissance économique de la monnaie, le niveau des revenus et le niveau des prix. Quant au rôle de l’Etat, l’expert a mis le doigt sur deux paramètres clés susceptibles de freiner, voire stopper la hausse des prix et rétablir le niveau du pouvoir d’achat. Le premier, régalien, continu et à mettre en place sur le court terme, est le contrôle rigoureux et la dissuasion par la coercition, qu’il faut exercer à l’encontre des spéculateurs. Tandis que le second, stratégique, est l’encouragement de l’investissement dans les plus brefs délais, d’autant plus que, dans la situation actuelle, il n’y a plus de temps à perdre.

Selon Sayoud, cette vision orientée vers l’investissement va certainement nous permettre de créer des emplois, de la richesse et continuer à se passer des importations. Par conséquent, tous les ingrédients seront réunis pour relever la valeur de la monnaie, et revoir à la hausse les revenus des citoyens ainsi que leur pouvoir d’achat. Il a également mis en valeur les décisions et la vision prises par le président de la République pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages, en l’occurrence l’augmentation du Smig, la suppression de l’IRG sur les plus bas salaires, ainsi que les discours motivants destinés à encourager l’investissement et à inciter les investisseurs à se doter d’un esprit entrepreneurial et d’initiation, en attendant les capitaux. Sur ce point Mohamed Sayoud a rappelé que le monde des affaires en Algérie reste depuis deux années dans l’attente du code de l’investissement, qui reste la ligne directive pour la concrétisation d’une stratégie d’investissement réelle, rapide, sans perdre davantage de temps, qui est primordiale dans ces circonstances de crise.

Nonobstant la crise sanitaire due au Covid-19, qui a contribué en grande partie à la crise économique et sociale actuelle, caractérisée par cette hausse des prix, durant le pic de la pandémie et même après, une régression économique s’est réellement sentie au sein du milieu des affaires, essentiellement via la déclaration en faillite de diverses entreprises, en particulier dans les secteurs du BTPH, tourisme et autres. Le déclin de ces sociétés a provoqué à son tour une hausse du chômage, sans que l’Etat prenne des mesures pour contrer ce problème, à travers l’aide à la création de nouvelles entités économiques, hormis les start-up. Selon l’expert, la solution idoine et efficiente pour améliorer notre situation économique et sociale serait de puiser dans nos réserves de changes (estimées à environ 46 milliards de dollars au dernier pointage), en attendant la récupération (hypothétique) des quelque 9 000 milliards de dinars qui circulent hors banques. Il a, d’ailleurs, suggéré au gouvernement de débloquer rapidement 10 milliards de dollars et les injecter directement dans des projets d’investissement structurants. Selon lui, c’est le moyen de garantir le renouveau économique du pays. «La situation n’admet plus l’attente, car l’économie est à l’arrêt et le pouvoir d’achat ne cesse de reculer. L’Algérie a besoin de l’investissement pour sortir de cette situation», a-t-il tranché, en affirmant que l’opération de récupération de fonds, comme l’a recommandé le président Tebboune, est une bonne idée mais nécessite beaucoup de temps et de technique.

A propos de la volonté du gouvernement relative à la relance de l’industrie automobile, l’interlocuteur a indiqué que ce genre d’industrie se fait sur le moyen terme. En clair, ce type d’industrie lourde nécessite entre 5 à 6 ans pour la mise sur pied d’un projet à un taux d’intégration supérieur à 50%, et ne réglera pas le problème de l’économie nationale à court terme. Pour lui, il est recommandé de soutenir la moyenne, la petite et la micro-entreprise pour la création de richesses et de l’emploi. Une partie de ces 10 milliards de dollars serait donc destinée à bâtir rapidement des zones industrielles clés en mains, comme partout dans le monde, avec environ 50 000 hangars de production et des zones franches afin de les mettre en location aux investisseurs crédibles et sérieux, algériens et étrangers via un bail locatif afin que les investisseurs n’aient qu’à placer leurs machines ou lignes de production et démarrer de suite la production. Alors que l’autre tranche serait dédiée à des emprunts aidant à financer en partie les potentiels investisseurs. Ce montant débloqué ne sera jamais considéré comme une dépense finale, mais plus un investissement financier, remboursé par les montants de la location de ces hangars.

Cette vision d’investissement viendrait alors se substituer à l’ancienne méthode d’attribution de terrains dans le cadre du Calpiref. A ce sujet, le consultant a estimé que le système actuel du traitement des dossiers d’investissement est «classique» et même «obsolète». Les mécanismes adoptés ne permettent pas de répondre à temps aux investisseurs. «Le fait est que l’investisseur doit effectuer un business plan puis le déposer auprès du Calpiref, et attendre pour, éventuellement, avoir un terrain puis disposer des documents de la concession du domaine, pour ensuite faire le nécessaire pour avoir le permis de construire pour, enfin, pouvoir construire ses hangars. Il perdra 3 à 5 ans sans avoir commencé son projet, qui deviendra obsolète et non rentable», a-t-il justement déploré.

Le meilleur moyen d’y remédier, dira-t-il, est que l’Etat et les promoteurs immobiliers s’impliquent dans ce processus, en leur donnant la possibilité de gérer ces zones après avoir pris en charge leur réalisation et assuré ainsi leur gestion locative et également leur entretien. Ces hangars exploitables rapidement vont aider à faire tourner la roue de l’économie nationale, premièrement par la mise en marché d’un produit local, ce qui va certainement contribuer à baisser davantage la facture des importations, la création d’emplois durables, la création de la richesse par le biais des recettes fiscales générées, la contribution à l’aspect social par le paiement des cotisations sociales, l’élévation du niveau du pouvoir d’achat, et du niveau de la monnaie nationale, ce qui se traduit par une économie et une monnaie fortes.

R. E.

Comment (6)

    Anonyme
    11 octobre 2021 - 3 h 36 min

    Ressources humaines qualifiés.
    Avec expérience à l’international.
    La diaspora…
    Elle est sous sollicitée..
    Elle profite essentiellement au marché de l’emploi de
    l’Occident, Europe, USA,
    Moyen-Orient… et encore.
    A quand, la création de conditions cadres de retours.
    Une agence de chasseur de tête, Algériens, hautements qualifiés.

    Désolé mais c’est Simple
    11 octobre 2021 - 3 h 29 min

    L’incompétence est un Luxe qu’on ne peut plus s’Offrir…
    L’Argent Facile est un Privilège qui n’est plus Tolérable
    Seul le TRAVAIL compte.
    Il faut Remettre les Algériens au Travail et Sérieusement.
    Il faut en Finir Définitivement avec les Rentes.
    « el ban li yjik mennou errih Seddou ! »

    Brahms
    10 octobre 2021 - 18 h 56 min

    LE LIBAN est en crise financière,

    Par conséquent, pour baisser les prix, il faut capturer Bouchouareb Abdeslam en payant à L’État libanais une somme d’argent négociable qui sera ponctionnée sur les fonds détournés par l’escroc.

    A défaut, il aura le temps de croquer la totalité du magot.

    Assez de bla – bla – bla, il faut agir pour récupérer l’argent public condition sine qua non pour baisser les prix, notre endettement étant situé à 20,8 % du PIB.

    Le chat Botté
    10 octobre 2021 - 17 h 38 min

    Quand on veut détruire un pays on dévalue sa monnaie point barre, même un novice de la finance le comprendrait et avec toutes les ramifications qui s’y rattachent, l’état ne contrôle plus le flux de la consommation qui va en s’amplifiant à un rythme sans égal.
    Le PIB ne suit plus et les spéculations tout azimut commencent.
    Nos experts financiers, qui n’ont aucun pouvoir, sont à la traîne des puissances mondiales(Banques et institutions financières) ne font que tourner en bourrique notre économie chancelante et dépendante de ses mêmes puissances et trouvent l’excuse de la consommation anarchique voulue et qui s’y rattache.
    Quand le porte feuille financier n’est plus entre les mains du pays, l’offre et la demande se retrouvent déstabiliser, ce qui amène l’anarchie totale en matière d’investissement et de production. Les prévisions, aussi judicieuses soient-elles, ne rencontrent plus les calculs escomptés et l’état, dans un sursaut de sauver les meubles, se retrouve pris au piège de ses mêmes institutions mondiales de la finances.

    Anonyme
    10 octobre 2021 - 13 h 29 min

    Il y a 2 fleaux a combattre et a aneantir definitivement et sans complaisance…La corruption et la speculation sans oublier d encourager la vente des produits directement du producteur aux consommateurs..c est a dire aider les producteurs agricoles et les organes municipaux a creer des marches hebdomadaires ou bihebdomadaires dans chaque chef lieu des wilayas pour vendre leurs produits directement aux consommateurs…il faut absolument detruire le circuit des lobbys des speculateurs et multiplier les controles et les investigations sur les depots et les hangars frigorifiques sources de pressions sur les producteurs agricoles pris en otages par ces lobbys speculateurs qui regnent sur le marche des denrees alimentaires….L Etat doit absolument aneantir ce systeme speculatif qui engendre des milliards aux barons et aux lobbys…un manque de centaines de milliards d impots en fraudes fiscales..

    Zones + FORMATION
    10 octobre 2021 - 10 h 16 min

    Le désir de Jeunes Algériens de Découverte et d’une Expérience Professionnelle hors d’Algerie ne peut Être nié.
    Il est bien sûr necessaire d’engager des sérieuses RÉFORMES dans les Domaines POLITIQUE et ÉCONOMIQUES en visant particulièrement la FORMATION et la CRÉATION D’EMPLOIS.
    ….
    Que des Gens souhaitent Partir pour Découvrir par Eux-Memes Autre Chose n’a Rien d’Exceptionnel.
    En revanche les Autorités devraient tout faire pour inciter et Donner aux Algériens l’Envie de REVENIR et des PERSPECTIVES.
    ….
    En ATTENDANT et a mon Avis, il est nécessaire de Régler et d’Organiser les Flux de Migration plutôt que de Fermer les yeux et continuer à accepter de voir des Drames ou des Situations indignes vécues par des Ressortissants Algériens.
    ….,
    A mon Avis de façon pragmatique et sans demagogie
    Il faudrait a l’INITIATIVE de l’ALGERIE et avec les Pays EUROPÉENS et d’autres en ASIATIQUES et qui le Souhaitent établir des Quotas et Critères transparents de SÉJOUR de TRAVAIL TEMPORAIRE et LÉGAL pour Certaines Catégories de Main d’oeuvre a Définir précisément.
    …..
    il serait Obligatoire de se conformer a des Conditions Fermes de PRÉALABLE de FORMATION en ALGÉRIE même et dans le Pays d’Accueil avec des Assurances d’un Traitement Équitable et Digne et un Contrat Travail Régulier et legal et des Conditions d’Hebergement dans les Normes acceptables.
    En Parallèle, il est IMPÉRATIF et URGENT de Proposer des Mécanismes de Soutien au RETOUR en FIN de Contrat en proposant aux Candidats qui le souhaitent des AIDES a la Création d’ENTREPRISES PME ou PMI en ALGÉRIE en Individuel ou avec Participation Technique ou des investissements par l’Entreprise du Pays d’Accueil et de Formation si elle le souhaite.
    Ces Aides seraient conditionnés par Secteurs d’Activite, le Pays étranger mais limitées dans le Temps et degressives.
    Bien sûr les Aides a la Création d’Entreprise restent ouvertes a tous les Jeunes Algériens qui après FORMATION décident de Créer immédiatement leur Entreprise.
    ..,,
    Après ÉVALUATION ANNUELLE si le mécanisme ne répond pas aux Attentes il pourrait être Adapté ou Stoppé.
    …Voila mon avis.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.