Jeu de massacre

Le Conseil de sécurité de l’ONU a, pour la première fois, condamné un acte terroriste en Syrie, celui ayant en l’occurrence ciblé le prédicateur octogénaire Cheikh Saïd Al-Bouti, jeudi dernier, avec 15 autres fidèles à l’intérieur d’une mosquée de Damas. Et c’était donc la première fois que la «communauté internationale», d’habitude très rebelle à tout ce qui émane du gouvernement syrien proscrit, se voyait répondre à une demande formulée par Damas, après toutes celles qui lui avaient été adressées dans le passé pour faire condamner des massacres perpétrés et revendiqués par ces mêmes groupes terroristes. Que faut-il comprendre par cette attitude nouvelle ? A première vue, cela conforte Washington dans sa position actuelle sur le terrorisme en Syrie (la principale milice islamiste, Front de Nosrah, est depuis deux mois classée comme organisation terroriste), et participe d’une démarche, lente, cafouilleuse, mais inexorable, qui devrait mener à la mise en place d’un processus politique, tel que souhaité par les amis de la Syrie. Mais la décantation risque de durer encore longtemps. D’abord, à cause des contradictions que nourrissent tous ces louvoiements de Barack Obama, qui, lors de son périple au Moyen-Orient, a fait part de ses craintes de voir l’extrémisme «s’emparer du pouvoir en Syrie et d’y installer le chaos». A comprendre que les Etats-Unis ne seraient pas très enthousiastes pour soutenir l’opposition armée, voire même qu’ils préféreraient le maintien du régime actuel – mais tout en continuant sournoisement à réclamer le départ de Bachar Al-Assad. Il y a ensuite ce jeu malsain auquel s’adonnent imperturbablement Paris et Londres, qui galvanise une opposition factice et l’incite à rejeter toute offre de paix, donc à continuer à massacrer et à détruire.
R. Mahmoudi