L’allusion perfide de Rachida Dati à l’Algérie dans son serment d’allégeance à son roi

Rachida Dati à Alger, en 2010. New Press

La députée européenne et ex-garde des Sceaux dans le gouvernement de Sarkozy, Rachida Dati, s’exhibe à nouveau, avec toujours la même volonté de porter secours à son pays d’origine, le Maroc, et à son roi, en difficulté sur le plan diplomatique, essentiellement à cause de l’occupation du Sahara Occidental et du refus de s’inscrire dans le processus de décolonisation recommandé par les Nations unies. Dans un communiqué publié à l’occasion de sa participation à une conférence internationale organisée par un groupe marocain de presse, pour faire la «promotion» de l’action du roi Mohammed VI, la députée européenne supplie, encore une fois, l’Europe d’accorder plus d’égards au Maroc. Dati prend garde de mentionner explicitement l’Union européenne et elle a sans doute raison ; les pronostics concernant la survie de l’UE sont pessimistes pour les raisons politiques et économiques connues, accentuées par la donne sécuritaire qui tend à rétablir à la fois les frontières et surtout les souverainetés nationales.

Elle exploite l’attentat du 14 juillet sur la promenade des Anglais, à Nice – «alors que notre pays est de nouveau cruellement frappé par un acte barbare» –, pour soulever la nécessité de trouver des «antidotes à un islam dévoyé», en faisant allusion à l’implication d’un ressortissant de confession musulmane dans ce crime barbare, en espérant convaincre les dirigeants européens, auxquels est adressé son message, de regarder vers le Maroc. Elle reprend, à son compte, le discours de Sarkozy plein d’éloges pour le roi. En résumé : tout va bien au royaume marocain, et ceci, grâce à son roi. En quelques mots, selon Rachida Dati, le Maroc est un pays sûr pour l’Occident. Mieux que la Turquie, laisse-t-elle entendre, en soulignant le contraste entre la stabilité rare dans la région, dont le Maroc jouirait, et les derniers événements qui ont déstabilisé la Turquie.

Comme pour tout document de propagande, le texte de Rachida Dati tombe dans l’exagération la plus flagrante pour décrire les performances du Maroc et les exploits de son roi. Et c’est la démesure complète lorsqu’elle prétend que le Maroc est «dirigé avec un sens des responsabilités, une autorité et une vision qui font cruellement défaut à la plupart des puissances occidentales». Enfin, l’allusion à notre pays est criante quand elle parle des «idéologies socialisantes et autoritaires qui étaient prisées dans la région» pour faire croire que le Maroc fait mieux que l’Algérie en matière de développement humain. On en saura peut-être un peu plus sur cette comparaison si l’interview que Rachida Dati a sollicitée auprès d’Algeriepatriotique se réalise.

A propos du «retour – c’est le terme qu’elle utilise – du Maroc dans l’Union africaine, elle feint d’ignorer que le Maroc n’a jamais fait partie de l’UA. Peut-elle occulter le fait capital qu’en sollicitant son adhésion à l’UA, le Maroc accepte de siéger en compagnie de la RASD qui est un membre fondateur de cette organisation ? «Dans ce contexte», comme elle dit, l’«anomalie» est plutôt de voir le Maroc qui occupe le Sahara Occidental être présent au sein de la première institution africaine en même temps que la RASD, qui se bat pour mettre fin à cette occupation. En effet, ce serait la marque d’une reconnaissance de facto de la République sahraouie par Rabat, et une grande victoire pour le peuple sahraoui et le Front Polisario qui dirige sa lutte pour le droit à l’autodétermination et l’indépendance du Sahara Occidental.

Fait remarquable : le communiqué de Rachida Dati est truffé des formules ornées de majuscules à la gloire de son roi, comme «Sa Majesté», «Le Souverain» et même «Sa volonté», un parler pas du tout républicain pour celle qui se veut membre influente d’un parti politique français appelé «Les Républicains». Mais on comprend que le jeu en vaut la chandelle, quand Rachida Dati lance crûment : «Le renforcement de notre coopération avec le royaume chérifien doit être une priorité de notre politique étrangère et de la stratégie européenne.» Elle ose même donner la leçon : «Ne pas le comprendre, c’est ne pas être à la hauteur des difficultés que nous traversons et commettre une faute historique dont nous serons comptables.»

Houari Achouri

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