Les gens épris de justice doivent intervenir pour rétablir la paix au Proche-Orient
Une contribution d’Aziz Ghedia – Au mois de janvier 2009, lors de l’émission «Mots croisés» de la chaîne française France 2, Bernard Kouchner, présent sur le plateau, ne pouvait que pousser une exclamation, «trop, c’est trop !», lors de cette émission consacrée exclusivement à la guerre que menait l’Etat hébreu contre la population de Gaza. Et, effectivement, les gens de bonne foi, les gens qui veulent vraiment que la paix s’établisse dans cette partie du monde, quels que soient leur appartenance et leur camp, ne peuvent, aujourd’hui, qu’être d’accord avec cette terrible vérité : l’Etat d’Israël, assuré d’une impunité totale depuis sa création, dépasse largement les bornes et ne reconnaît aucune loi de la guerre quand il s’agit de la défense de ses citoyens.
Il ne fait pas que se défendre ? Loin s’en faut. Pour les responsables de l’Etat d’Israël, particulièrement depuis ce 8 octobre 2023, la guerre aux Palestiniens est déclarée et elle sera sans concession, sans pitié. Les bombardements seront incessants jusqu’à la destruction de toute la bande de Gaza, voire plus si les Palestiniens de Cisjordanie intervenaient pour essayer de sauver leurs frères.
Plusieurs années après cette émission, cette exclamation résonne encore dans ma tête.
L’ambassadeur d’Israël en France était visiblement très mal à l’aise lorsque Bernard Kouchner avait insisté sur le fait que s’en était trop et il se lança alors, à son tour, dans des explications et des justifications, à cette agression inqualifiable, mais qui n’avaient, en fait, convaincu personne parmi l’assistance et encore moins Leila Chahid, la représentante de l’OLP en Europe. «J’ai peur pour mes enfants qui vivent dans la peur», avait-il dit en substance, oubliant que les enfants palestiniens, eux, ne vivaient pas seulement dans la peur, mais qu’ils mouraient aussi dans le silence complice de la «communauté internationale».
Israël se comporte comme il l’a toujours fait : avec arrogance et au mépris de toutes les décisions prises par l’ONU.
A l’époque, on avait reproché au parti du Hamas d’avoir rompu la trêve et d’avoir tiré des roquettes sur le sud d’Israël. On lui avait reproché aussi le fait de faire entrer clandestinement des armes via des tunnels situés sur la frontière avec l’Egypte. On lui avait reproché le fait d’être une organisation terroriste alors que la réalité est tout autre : Hamas a été élu démocratiquement par les Palestiniens de Gaza.
Cela voudrait-il dire que tous les palestiniens de Gaza, hommes, femmes et enfants, sont des terroristes ? Reste à définir ce qu’est un «terroriste». En fait, s’il y a un mot qui ne fait pas de consensus, l’unanimité, au sein de la communauté internationale, le vraie et non celle que l’on écrit entre guillemets, c’est bien le mot «terrorisme». Voyez-vous, tout est relatif. Est-ce que toute personne qui défend son pays devrait être qualifiée de ce mot infâme ? La réponse est évidemment non.
Si les Palestiniens ont voté pour ce parti, c’est certainement parce que, à leurs yeux, c’est le seul parti qui continuait à incarner la résistance, le seul parti dont les dirigeants n’étaient pas corrompus, le seul parti qui prenait en charge leurs doléances sur le plan social.
Alors, pourquoi voudrait-on l’éliminer à tout prix ? Pourquoi, sous le prétexte que celui-ci utilise les habitants de Gaza comme bouclier humain, voudrait-on exterminer 1,5 million d’habitants de Gaza ? Bien au contraire, il est temps que l’Etat d’Israël se rende à l’évidence et comprenne qu’en acceptant de discuter et de dialoguer sérieusement même avec son pire ennemi, tout deviendra possible.
Hamas prône-t-il, dans sa charte la destruction de l’Etat hébreu ? Qu’à cela ne tienne ! Appelons-le, associons-le à tout ce qui concerne la question palestinienne et on verra qu’il est, lui aussi, pour la paix.
N’oublions pas que, il n y’a pas longtemps, le mouvement de résistance palestinien, l’OLP, incarné par son charismatique président Yasser Arafat, était considéré, lui aussi, comme un mouvement extrémiste, terroriste. Mais, de négociations en négociations avec l’entité sioniste et de compromis en compromissions – malheureusement –, il est devenu ce qu’il est maintenant : un parti presque sans crédibilité et sans emprise réelle sur les événements en cours. Mahmoud Abbas a été mille fois mené en bateau, il a fait mille et une concessions et, au bout du compte, que gagne-t-il ? Il ne faut pas être clerc pour deviner : rien. Est-ce cela que veut Israël ? Si c’est le cas, le problème restera toujours pendant et cela n’est dans l’intérêt de personne ni d’aucune partie.
L’élimination du Hamas engendrera, par la force des choses, un autre parti, peut-être beaucoup plus extrémiste et radical encore. Et ne croyez pas que je suis en train de défendre Hamas, un parti pour lequel je n’éprouve personnellement aucune sympathie particulière. C’est seulement une réalité que toute âme douée de bon sens ne pourra qu’admettre. Logiquement. N’oublions pas aussi qu’Israël a, d’une manière ou d’une autre, largement contribué à l’émergence de ce parti sur la scène politique palestinienne et cela, évidemment, dans le but de «diviser pour mieux régner».
Aujourd’hui, la situation en Palestine – ou en Israël, pour ceux qui soutiennent inconditionnellement cette entité – est dramatique pour les deux peuples et il est très important que les gens de bonne conscience, les gens de bonne foi, les gens épris de droit et de justice interviennent pour rétablir l’ordre et la sérénité. En un mot pour rétablir la paix. En attendant de trouver une bonne solution à ce conflit qui perdure dans cette partie du Moyen-Orient.
A. G.
Comment (37)