Poème d’un artiste lors de son exil volontaire d’Algérie en 1973

Oran poème exil
Une vue d'Oran. Photo : K. N.

Par Kaddour Naïmi – Voici un texte poétique écrit par un artiste lors de son exil volontaire d’Algérie, en 1973. Ce texte fait partie d’un livre en préparation sur le parcours artistique existentiel de l’auteur. Quoi de changé depuis lors ?

 Sans parler

Sans parler

La mère et moi

Nous nous sommes embrassés

Evitant de nous regarder

Sans parler

Je suis parti

Accompagné par mon père

Sur sa vieille mobylette d’ouvrier

Sans parler

Nous entreprîmes le long voyage

Jusqu’à l’aéroport

Sans parler

Le père et moi

Nous nous sommes enlacés

Les yeux baissés

Puis je m’éloignai

Je ne me rappelle pas si je me retournai

Une dernière fois pour le saluer

Le père au cœur déchiré

Quand l’avion dans lequel je me suis fourré

A pris son envol

J’étais seul, effaré

Une boule me noua la gorge

Me voici émigré

Vaincu

Sur le chemin

Des miséreux à la recherche de pain

Et des opprimés en quête de liberté

Je conservais dans mon cœur

Le souvenir des coincés dans le malheur

Ils ne savent pas comment se libérer de la prison

Qui a l’imposture de se donner comme nom

«Démocratique et populaire»

Je conservais dans mon esprit

Les courageux

Restés sur place malgré leur dépit

Ils préfèrent lutter dans le pays

Au risque d’être assassinés

Honneur à vous, semeurs de dignité !

Honneur à vous de tenir haut levé

Le flambeau de la liberté

K. N.

(1973)

Comment (6)

    Bonjour Kaddour Naïmi,
    12 octobre 2023 - 15 h 38 min

    Très beau poème et sans flatterie.
    Peut-être, ou certainement, je m’y reconnais beaucoup.
    Mais une fois « fourré » dans l’avion, je m’entends dire encore « je jure que je t’ai aimé et que je t’aimerai toujours », en m’adressant à mon; notre, pays.
    Le reste, l’avant, je n’ose pas le raconter, y compris à mes plus proches, la douleur ne sort pas.
    Et lorsque l’on me demande l’origine des cicatrices sur mon corps, je baisse les yeux, pour éviter de mentir.
    Car j’ai encore peur de subir encore une nouvelle humiliation, celle d’un regard dégradant…
    Puis le silence suit, le même depuis… jusqu’à aujourd’hui.

    Merci d’avoir osé partagé.

      Elephant Man
      12 octobre 2023 - 21 h 19 min

      @…
      Vous avez pu vous exiler sans difficulté..AUCUNE…
      De vos bagnes et geôles makhnaz de tazmamart …
      D’ailleurs même le ben jelloun fidèle sujet serviteur esclave consentant en a fait un « livre » mais toujours fidèle pour vanter sa démocratie makhnazie « ÉTONNANT NON ? »… pour reprendre le cultissime Desproges.

    Anonyme
    10 octobre 2023 - 22 h 51 min

    Subit ou choisit ,
    L’exil c’est une Défaite et un Échec , c’est le Renoncement et l’Abandon pour une Société autant que pour les Individus.
    Cela produit des flots d’Amertume qui empoisonne ceux qui partent autant que ceux qui restent.
    L’amputation a bien eu lieu mais le cerveau arrive à nous faire croire que le membre coupé..est toujours là.
    Il est parti et ne reviendra pas.

      les tortures de Boumedienne et kasdi merbah
      12 octobre 2023 - 13 h 22 min

      Tu les appliquais?
      Car que si tu les avais subies, parce que tu as exprimé ton désaccord sur le chemin de faillite qu’ils ont imposé au pays, tu ne condamnerai pas les héros qui ont osé s’opposer pour réclamer leur droit à la liberté de pensée et de critique pour lesquelles ils se sont battus au maquis, contrairement aux deux ordures citées, et dont tu sembles être un esclave.
      Tu passes ton temps sur AP à défendre l’indéfendable, à distribuer des points de morale, jusqu’à demander à demander à AP d’interdire tous les commentaires qui ne sont pas d’accord avec toi.
      Un reflexe (…).

        Elephant Man
        12 octobre 2023 - 20 h 03 min

        @….il n’y a que les makhnaz et harkis pour oser cracher nos martyrs ALGÉRIENS…
        Pour éviter TOUTE agression PERSONNELLE sur ma personne qui mieux que LE PATRIOTE ALGÉRIEN qui suit pour vous répondre :
        @Selecto : 2022/06/25 :
        Mohamed BOUADIA est mort le 28 juin 1973 assassiné dans sa voiture devant l’université de Jussieu par une bombe qui a été placée par une Syrienne travaillant pour les services israéliens qui a réussie a le tromper en lui faisant croire qu’elle travaillait pour la cause palestinienne, oui il est oublié mais il a été vengé par un commando algérien qui a rejoint le commando israélien en Grece où l’attendait une vedette pour l’exfiltrer vers Israël, un seul agent qui a échappé au commando a savoir Ehud Barak qui était absent au moment où le commando investissait la vedette.
        C’était l’époque de Boumedienne et Kasdi Merbah.
        Gloire a nos martyrs !
        ALLAH YERAHMEK YA SID ERDJAL !!! ALLAH YERAHMEK YA SI L’HOUARI BOUMEDIENNE POUR L’ETERNITE !!!
        Allah Yarham EL CHOUHADAS AL ABRAR
        TAHIA EL-DJAZAÏR
        L’occasion m’étant rarement donnée je saisis la perche qui m’ait tendue pour QU’ATTEND L’ÉTAT ALGÉRIEN pour expulser tous les clandestins d’où qu’ils viennent J’INSISTE subsahariens sahéliens et de surcroît TOUS j’insiste TOUS les makhnaz et TOUS j’insiste TOUS les naturalisés traîtres à la Patrie qui oeuvrent j’insiste exclusivement j’insiste exclusivement pour leur narco-terroriste-pédophile-monarchie DÉCHÉANCE DE NATIONALITÉ et CESSEZ DE FINANCER L’IMA, la majesté et ses maîtres auront largement de quoi s’occuper TRAVAILLER et les NOURRIR À COUPS DE DRONES !
        Il ne s’agit pas d’une phrase répétée à l’envi mais de SÉCURITÉ NATIONALE !
        PS : passage par la case PRISON FERME au Sahara pour une meilleure compréhension et sans hilarité ..
        PS 2 : l’immigration clandestine subsaharienne et sahélienne massive et makhnazie massive est un procédé sioniste de déstabilisation du pays qui est en première ligne encore une ÉNIÈME fois !

    Lyes
    10 octobre 2023 - 20 h 03 min

    Il y a les exilés volontaires qui ont choisi de fuir le pays qu’ils osent qualifier d’imposture « démocratique et populaire ». Ceux qui ont préféré rejoindre les démocraties occidentales dont les peuples qualifient leurs dirigeants et leur mode de gouvernance d’imposture.
    Et il y a des exilés involontaires qui ont été contraint de quitter le pays. Je fais parti de ceux-là, c’est mon histoire. Je préfère me qualifier de déraciné. Un déracinement est aussi un déchirement.
    La faute à des lâches et je pèse mes mots. Je sais de qui je parle. La souffrance est toujours là, la blessure ne cicatricera jamais.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.