Pardonne-nous, Ramzi !

Par M. Aït Amara – La nouvelle de l’abject assassinat de l'écolier Ramzi, à El-Biar, sur les hauteurs d’Alger, est venue s’ajouter à celles des nombreuses victimes de la bestialité des adultes. La tragique disparition de l'enfant de 11 ans, battu à mort par le père d’un de ses camarades, devrait alerter la société tout entière sur un phénomène sournois qui prend de l’ampleur sans que nous y prêtions suffisamment attention. L’acte immonde perpétré par ce parent d’élève hystérique et la totale indolence des citoyens présents sur le lieu du crime relève tout simplement de la psychiatrie. Cette gravissime circonstance – banalisée au point d’être classée dans la rubrique des faits divers – est pourtant symptomatique d’une agitation maladive et d’un comportement excessif anormal. Les psychiatres expliquent cet état mental par une «préoccupation extrême» d’individus «ne cherchant à établir aucun intérêt ou lien social avec le monde extérieur». Ce que nous interprétons habituellement comme étant de l’égoïsme et de l’égocentrisme, est en fait un malaise qui se cache en chacun de nous, tel un cancer insidieux qui se développe sans symptômes apparents, jusqu’à ce qu’il métastase. Sommes-nous arrivés à ce stade de la maladie ? Hélas !, le nombre effarant d’enfants tués avec ou sans préméditation, ces dernières années, par des adultes délirants et désaxés, laisse penser que oui. Car encore plus grave que l’acte lui-même, la mort de cet enfant ravi aux siens à la fleur de l’âge nous interpelle sur notre ataraxie, notre paralysie, notre déni de la réalité, notre absence, notre détachement affectif face à ce type d’événements douloureux qui se déroulent sous nos yeux indignés, mais réfractaires à l'évidence. L’auteur du crime est-il, dès lors, le seul coupable ? A-t-il emmené sa victime dans un lieu isolé pour commettre son forfait ? Se trouvait-il à des kilomètres d’un commissariat de police dans une bourgade enclavée ? Non. Les faits se sont déroulés pendant de longues minutes dans un quartier grouillant de monde, devant une école et un centre commercial situé dans une rue marchande connue pour sa circulation automobile frénétique de jour comme de nuit. Il y a donc un sérieux problème de société dans lequel s’affrontent la mégalomanie des uns et la prostration des autres. Le petit Ramzi pardonnera-t-il notre inconscience ?
M. A.-A.

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