Faut-il «ramener» nos cerveaux expatriés ?

Par Samir Arnaoui – Ma réponse est non ! Pour une raison toute simple : ils ne reviendront pas. Ou pas sans rien. A nos appels pathétiques, ils répondent souvent : «Pour revenir chez vous – remarquez le «chez vous» et non «chez nous» –, il nous faut…», et la liste est longue. Je veux parler des salaires mirobolants qu’ils demandent en contrepartie, sans parler de ce que coûteraient les frais de dépaysement, les investissements en environnement verts et propres, le micro climat qui les rendrait plus productifs, les quartiers huppés construits à l’identique de ceux de Londres et de Paris… Nous devrions pour ça alléger les réserves de change du pays de quelques centaines de millions de dollars. La facture serait trop coûteuse et rien ne nous garantit que ces cerveaux made in Algeria ne soient pas tentés par un nouvel exode.

Cette histoire me rappelle celle d’un commerçant génial qui a exporté un jour une quantité de navets au-delà des mers et qui est allé demander, la même année, une autorisation de les réimporter pour cause de pénurie locale, en faisant valoir leur goût exceptionnel, ainsi que leur origine algérienne. Il nous a pris pour des débiles. Ce commerçant a pu être en surproduction, mais il a mal géré et mal prévu ; il n’a pas évalué les aléas climatiques, n’a pas assuré de stocks de sécurité et je ne sais quelles autres assurances pour l’autonomie alimentaire de ses congénères qui, eux, n’ont pas démérité en travaillant dans leurs secteurs respectifs.

De la même façon, nos cerveaux nous avaient coûté de l’argent avant leur départ –formation locale en dinars puis des bourses à l’étranger en devises –, je n’aurai pas de mots assez durs pour parler de leur défection et de la complicité tacite de ceux qui ont concocté les contrats et les règlements en vertu desquels ils se devaient de revenir. L’abandon d’un pays en danger de mort devrait être qualifié de crime. Et pourtant, ils reviennent, de temps à autre, mais ils repartent aussi vite que l’éclair.

Des traitres ? Non ! Mais des renégats, oui. Quant à leur retour pour sauver le pays, que l’on nous sert à chaque crise du pétrole, eh bien, qu’ils se décident seuls ou collectivement, dans un élan d’expiation pour leurs tentations coupables, vécues au détriment de leur patrie. L’Algérie a besoin de tout le monde certes, mais elle ne priera personne. Car qui n’aime pas son pays pour de bon est fichu pour de bon, pour lui-même, mais jamais pour son pays.

C’est que, comme dit l’adage, il subsistera toujours de petits cailloux dans le lit de la rivière asséchée de notre Algérie.

S. A.

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