Béjaïa renoue avec les affrontements : qui veut raviver le feu en Kabylie ?

La ville de Béjaïa a-t-elle été choisie dans le but de déstabiliser le pays ? Archives/New Press

L’année semble commencer mal à Béjaïa avec ce qui est présenté comme «heurts» entre la police et des manifestants à la suite d’une grève des commerçants qui protestent contre les retombées de certaines dispositions fiscales de la loi de finances de 2017, tout juste entrée en application.

L’information peut paraître inquiétante, la région ayant connu, il y a quelque quinze années, des situations critiques analogues qui ont dégénéré en conflits interminables et qui ont fait tache d’huile en Kabylie avec le risque – qui ne s’était pas produit – de s’étendre à tout le pays. Les choses ont changé depuis, et la principale nouveauté est dans l’expérience acquise par les forces de maintien de l’ordre qui maîtrisent maintenant l’art de rétablir le calme sans faire de victimes, quitte à prendre des coups à et enregistrer des blessés dans leurs propres rangs.

L’idée de déclencher une étincelle à partir de Béjaïa ou d’ailleurs pour embraser une région ou, pire, le pays, en profitant de la répression d’un mouvement de rues, ne s’est jamais réalisée dans notre pays, et a encore moins de chances d’aboutir dans les conditions de gestion des manifestations violentes par la police. Les exemples qui le prouvent ne manquent pas depuis janvier 2011. Il faut ajouter un élément déterminant qui est le refus de la population de participer à un projet dont elle devinerait les intentions de déstabilisation. C’est donc peine perdue pour ceux qu’un tel projet tenterait.

Dans ce cas précis, tout le monde a constaté que l’annonce d’une grève des commerçants sur les réseaux sociaux relayée par des médias est tombée en plein contexte d’une campagne médiatique qui n’a pas caché son hostilité à notre pays. Tout était bon à prendre pour alimenter cette campagne, à l’exemple du «traitement» des réfugiés africains venus de pays voisins et la prétendue atteinte à leurs droits qui ont été montés en épingle pour discréditer les efforts de l’Algérie vers l’Afrique, et il n’est pas exagéré de penser que ce qui est visé ici, c’est le soutien de principe accordé par notre pays au peuple sahraoui qui lutte pour l’indépendance du Sahara Occidental et, est-ce un hasard si, simultanément, certains veulent laisser croire que la fermeture de la frontière avec le Maroc est venue du néant et relève d’une mesure arbitraire prise par notre pays, ce qui est, évidemment, faux ? Et puis, n’oublions pas le fameux article belge «Après Alep, l’Algérie?» qui traduit l’illusion chez ceux qui ont été abattus par leur cuisant échec en Syrie que c’est le moment d’essayer de s’occuper de l’Algérie, en commençant d’abord par semer le doute, la démobilisation, la confusion dans les esprits, puis l’agitation ferait le reste.

Ils comptent certainement sur les insuffisances du pouvoir pour les aider dans leur démarche. La ville de Béjaïa, où un wali vient d’être limogé et remplacé, a-t-elle été choisie dans ce but ? Il y a quelques jours, les lycéens sont sortis dans la rue pour dénoncer le calendrier des vacances scolaires d’hiver qui avaient été réduites à dix jours par le ministère de l’Education nationale. Leur manifestation avait conduit à des heurts avec la police. Le problème a été désamorcé par le revirement de Mme Benghabrit, qui a fait plus qu’ils n’en attendaient en offrant dix-huit jours de congé aux enfants et à leurs enseignants.

Dernièrement, le club de la ville, la JSM Béjaïa (Ligue 2 algérienne de football), vient d’écoper, apprend-on, de quatre matches à huis clos, dont deux avec sursis, et d’une amende de 200 000 DA. Va-t-on instrumentaliser cette mesure sportive disciplinaire pour créer l’étincelle ?

Houari Achouri

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