Bras de fer entre les nationalistes nigériens et les néoconservateurs

Niger France
Des Nigériens manifestent contre la présence française sur leur sol. D. R.

Une contribution de Khaled Boulaziz – Au Niger, la situation politique évolue de manière dramatique. Dans ce théâtre complexe, le gouvernement de transition a exigé de l’ambassadrice américaine, fraîchement installée dans ses fonctions, qu’elle quitte le territoire en l’espace de quarante-huit heures, une manœuvre réactive qui fait écho à des ultimatums similaires antérieurs ayant visé les émissaires français et allemands. Ces événements évoquent une séquence en deux actes au sein d’une pièce complexe.

En plongeant au cœur des coulisses diplomatiques, la visite récente de Victoria Nuland, dépêchée par Washington, a donné naissance à des échanges en apparence anodins, mais qui ont progressivement évolué en un ballet où se sont entremêlées menaces et intimidations. Ainsi, le nouvel ordre qui émerge des secousses ayant accompagné la transition du pouvoir à l’ère post-Mohamed Bazoum s’est trouvé contraint d’adopter cette décision drastique.

Victoria Nuland, artisane de la révolution de 2014 qui a renversé le régime pro-russe en Ukraine et incarnation de l’impérialisme belliciste, a été propulsée en avant cet été avec l’aval de Biden, mais seulement dans une position temporaire de secrétaire d’Etat adjointe. La nomination officielle a été évitée, de peur de provoquer de féroces luttes au Sénat.

Récemment, Nuland a été chargée de faire face aux conséquences d’un coup d’Etat qui a renversé un gouvernement pro-occidental au Niger, l’une des anciennes colonies françaises en Afrique de l’Ouest, enchevêtrée dans l’emprise de l’impérialisme français. Le président Mohamed Bazoum, issu d’une élection démocratique, a été évincé par les nationalistes nigériens dirigés par le général Abdourahmane Tchiani, commandant de la Garde présidentielle. Cet événement a suscité un soutien populaire considérable dans les rues de la capitale nigérienne, Niamey, une vague suffisamment puissante pour décourager toute intervention impérialiste occidentale.

Les premiers récits des médias impérialistes occidentaux ont présenté le bouleversement à travers le prisme de la dichotomie Est-Ouest, en mettant en exergue le fait que certains partisans du coup ont arboré des drapeaux russes. Le New York Times a qualifié le coup d’Etat de rude coup pour le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, un allié crucial des Etats-Unis dans la région, qui contrôle d’importantes réserves pétrolières et gazières. Tinubu a menacé le nouvel exécutif nigérien d’une action militaire à moins qu’il ne rétablisse Bazoum au pouvoir, fixant un ultimatum qui s’est évanoui sans intervention étrangère. Cette révolution au Niger transcende la rivalité Est-Ouest pour les habitants de la région, symbolisant enfin le rejet tant attendu de la domination économique et politique de l’impérialisme français séculaire. Ce scénario pourrait bien se répéter dans les nations du Sahel, soumises au joug de l’impérialisme français, dispersées à travers l’Afrique subsaharienne.

Des perspectives sombres se profilent à l’horizon pour le nouveau régime nigérien. Le pays est doté, ou peut-être maudit, de réserves substantielles d’uranium naturel, parmi les dernières du monde. Alors que la planète s’oriente vers une dépendance accrue envers l’énergie nucléaire dans un monde en ébullition, la valeur latente de ces richesses enfouies augmente, une importance qui s’intensifie lorsque l’uranium raffiné devient source d’énergie propre et durable.

La corruption endémique souvent attribuée au Niger ne se réduit pas à de simples pots-de-vin gouvernementaux ; elle infiltre la structure même de l’Etat, un héritage tenace de l’impérialisme colonial français. Cette structure entrave les aspirations du Niger à la souveraineté sur ses ressources naturelles et à son développement. Les tentacules de ce système s’étendent jusqu’aux mines d’uranium, effectivement contrôlées par l’ancien suzerain colonial du Niger, alimentant toutes les centrales électriques en France en énergie nucléaire.

De plus, le Niger abrite trois bases de drones américaines clandestines ciblant les éléments extrémistes de la région, renforcées par des enclaves de forces spéciales non déclarées. Ces opérations bénéficient d’un apport logistique et tactique accru pendant les missions spéciales. Un responsable américain a révélé que l’effectif actuel de 1 500 soldats américains stationnés au Niger reflète celui présent au Sud-Vietnam lorsque le président John F. Kennedy est entré en fonction en 1961.

D’une importance cruciale, mais injustement omis des débats récents, le Niger se trouve sur la trajectoire de l’oléoduc transsaharien, un canal stratégique conçu pour acheminer le gaz nigérian vers l’Europe occidentale. La pertinence de cet oléoduc pour l’économie européenne s’est intensifiée après la destruction des pipelines Nord Stream en mer Baltique en septembre dernier.

En conséquence et au vu de ce tableau, la récente déclaration de l’ambassadrice américaine à Alger, porte-parole de la cabale néo-conservatrice à Washington, n’est là que pour compléter, dans la pensée et l’acte, une politique belliqueuse contre toute tentative souveraine de corriger l’état d’exploitation actuel.

Les damnés de la terre qui peuplent le Grand Sahel ont toujours été, et seront toujours, en politique, les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les discours, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de tel ou tel pays. Les partisans des réformes et du progrès seront dupés par les défenseurs de l’ancien ordre des choses, aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que le néocolonialisme, si barbare et pourri qu’il puisse paraître, est soutenu par les mêmes forces que le colonialisme d’hier. Et pour briser ses chaînes, il n’y a qu’un moyen : trouver au sein de la société elle-même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent, en raison de leur situation sociale – devenir la force capable de se libérer de l’ordre exploiteur et de créer la nouvelle justice sociale.

K. B.

Comment (2)

    Tu as la mémoire courte c'est bizarre ‼️
    27 août 2023 - 13 h 19 min

    À Anonyme
    27 août 2023 – 6 h 31 min
    Et nos parents et arrières parents depuis avant 1830 étions nous de taille devant la France avec une armée conventionnelle et aider par l’ONU et pas seulement.
    Nous les avons chassés avec la détermination, la foi en DIEU, la soif de la liberté, et l’acceptation de 《mourir》 pour nôtre pays.
    Les moudjahidines ne meurt pas ils seront conduit d’office dans le vaste paradis d’ALLAH Soubhanou Ouwa Tahala.

    Coran II. 149) . Ce verset de la sourate de la Génisse se répète dans la sourate Al-Ahram : 《 Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Ils sont vivants. Ils sont pourvus de biens auprès de leur seigneur. Ils sont heureux de la grâce que Dieu leur a accordée. Ils se réjouissent parce qu’ils savent que ceux qui viendront après eux et qui ne les ont pas encore rejoints n’éprouveront plus aucune crainte et qu’ils ne seront pas affligés》.

    Selon Abû Hurayrah (qu’Allah l’agrée) a dit : « Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a dit :  » Les martyrs sont au nombre de cinq : Celui qui succombe à la peste, celui qui meurt d’une maladie du ventre, celui qui meurt noyé, celui qui meurt sous les décombres et celui qui meurt martyr dans la voie d’Allah.  » » Et dans une version :  » Lesquels d’entre vous considérez-vous comme des martyrs ?  » Ils répondirent :  » Ô Messager d’Allah ! Celui qui est tué dans la voie d’Allah est un martyr.  » Il leur a alors répondu :  » S’il en était ainsi, les martyrs de ma communauté seraient bien peu nombreux !  » Ils demandèrent donc :  » Ô Messager d’Allah ! Alors qui sont-ils ?  » Il leur répondit :  » Quiconque est tué dans la voie d’Allah est un martyr, quiconque meurt dans la voie d’Allah est un martyr, quiconque meurt de la peste est un martyr, quiconque meurt des suites d’une maladie du ventre est un martyr, et le noyé est aussi un martyr.  » »

    Anonyme
    27 août 2023 - 6 h 31 min

    Les nigériens oublient qu’ils ne sont pas de taille avec les USA, ils s’entêtent à allumer le feu pas loin de la frontière algérienne, après ce sont les algériens qui vont payé leurs pots cassés + les certaines invasions très indésirables.

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