L’hebdomadaire français «Jeune Afrique» se braque sur l’Algérie et noircit le tableau
Une série d’articles et de reportages vindicatifs sur l’Algérie sont depuis quelques semaines servis par le magazine français à vocation prétendument tiers-mondiste, Jeune Afrique, au moment où des dossiers dithyrambiques y sont consacrés périodiquement à la monarchie marocaine. Plus que de l’ingratitude, l’attitude de cet hebdomadaire, qui a toujours bénéficié de la générosité de l’Etat algérien en matière d’annonces publicitaires, qui soit dit en passant le maintiennent en vie en ces moments difficiles que traverse la presse écrite en général, s’apparente au dénigrement systématique et à de la provocation. Le moment est peut-être choisi pour tenter de contrer l’offensive diplomatique de l’Algérie dans la région – Libye, Sahara Occidental – et les marques de reconnaissance internationale qu’elle reçoit pour son rôle majeur dans la lutte antiterroriste. Cette campagne coïncide également avec l’escalade menée sur tous les fronts par Rabat, avec l’appui actif de certaines ONG internationales et quelques médias européens.
Dernière attaque en date : l’hebdomadaire tente de présenter «l’interdiction» d’un documentaire intitulé «Vote off», qui relate les coulisses de la campagne électorale de 2014, lors des dernières Rencontres cinématographiques qui se tiennent actuellement à Béjaïa, comme un cas de censure qui «cacherait mal» une tendance à l’autoritarisme en Algérie, tout en dressant un tableau noir de la situation de la liberté d’expression et de pensée dans notre pays.
Dans un autre article, le magazine revient sur l’affaire Slimane Bouhafs, condamné cette semaine à trois ans de prison ferme pour «atteinte à l’islam», pour illustrer cette campagne, en parlant d’atteinte à la liberté d’opinion et de culte. Comme pour appuyer le dernier rapport américain, particulièrement sévère, sur la question du culte en Algérie. Mais c’est dans le volet économique que l’acharnement de cet hebdomadaire en mal de repères se fait plus patent. Ses rédacteurs font une fixation sur le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) concernant les prévisions concernant l’économie algérienne. Ainsi, dans un de ses articles non signés, Jeune Afrique ne se contente pas de rappeler les «mises en garde» de l’institution financière mondiale à l’égard de l’Algérie, qui sont d’ailleurs diversement commentées et qui, selon des analystes sérieux, comportent des nuances qu’il fallait lever pour en faire une lecture circonstanciée, mais fait carrément un travail de sape.
Pour l’auteur de cet écrit, les prévisions de la BM, selon lesquelles les réserves de change de l’Algérie passeraient sous la barre de 30 milliards de dollars en 2018, auraient sérieusement ébranlé les autorités algériennes et «agacent au plus haut point». Autrement dit, Alger se sentirait frustré de ne pas avoir pu «censurer» des vérités diffusées par l’immuable et vertueuse Banque mondiale. Encore un cas de censure à ajouter à la liste !
Citant des experts financiers, «très crédibles», mais anonymes, le magazine français estime que l’optimisme du gouvernement algérien, affirmant que les réserves de change ne baisseront pas au-dessous de 100 milliards de dollars en 2019, est «loin d’être partagé». «Les projections de la Banque mondiale sont crédibles, tranche la rédaction de Jeune Afrique. Le déficit de la balance commerciale devrait fluctuer entre 27 et 28 milliards de dollars par an au cours des trois prochaines années», explique pour l’hebdomadaire un fantomatique «haut cadre de la finance». «Cette cagnotte fond de 20 milliards par an. Faites le calcul !», s’exclame l’auteur. Traduction : un avenir sombre attend l’Algérie et les Algériens dans les prochaines années. Selon Jeune Afrique, bien sûr.
R. Mahmoudi
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