Nekkaz affirme avoir été expulsé d’Algérie : une histoire qui ne tient pas la route

Rachid Nekkaz exhibant son passeport algérien à Alger, en mars 2014. New Press

L’ancien candidat à la présidentielle d’avril 2014 affirme, dans une vidéo qu’il a postée sur les réseaux sociaux, enregistrée à la hâte dans le couloir télescopique de l’aéroport d’Alger, au moment d’embarquer sur un vol à destination de Paris, avoir été prié par les autorités algériennes de quitter le territoire national. Il aurait donc, selon ses dires, été «expulsé d’Algérie». Rachid Nekkaz a exhibé le passeport algérien en prenant l’opinion publique nationale à témoin sur une «injustice» commise à son encontre par le gouvernement algérien. Cet homme d’affaires versé dans la politique, qui s’est singularisé par ses sorties tapageuses auto-médiatisées en France comme en Algérie, aussi bien contre la classe politique française que contre les dirigeants algériens, s’est bâti à travers ses actions de rue une réputation de «chasseur de corrompus». Il est néanmoins difficile de croire que les autorités algériennes aient prié ce ressortissant algérien de quitter le territoire national par la force dès lors qu’il est détenteur du passeport algérien et qu’il est, donc, reconnu comme citoyen algérien de plein droit.

Rachid Nekkaz a laissé entendre dans son message enregistré à la va-vite à l’aéroport d’Alger qu’il avait été interpellé par les services de sécurité en pleine autoroute et qu’il aurait été sommé de quitter le pays manu militari. Une version qui paraît invraisemblable, tant aucun argument, ni politique ni juridique, ne justifie une telle décision et un tel comportement de la part des responsables politiques ou de instances judiciaires.

En décidant de se présenter à l’élection présidentielle d’avril 2014, Rachid Nekkaz avait dû abandonner la nationalité française pour se conformer aux lois algériennes qui exigent que le candidat à la fonction suprême soit uniquement de nationalité algérienne. Une expulsion de ce dernier signifierait qu’il n’ouvre plus droit à la citoyenneté algérienne et qu’il devient, dès lors, un apatride qui devra déposer une demande d’asile auprès de la France ou des instances internationales concernées. En effet, Rachid Nekkaz ne semble pas dire la vérité dans cette histoire d’expulsion, tant il ne peut à la fois être reconduit à la frontière et être porteur d’un document de voyage officiel de l’Etat qui l’extraderait ainsi de son propre pays sans qu’il ait été déchu de sa nationalité.

Nous en saurons davantage sur cette dernière opération médiatique dans les heures et les jours à venir.

Karim Bouali

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