Un responsable émirati insulte la révolution algérienne sur instigation du Makhzen

Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi finance la propagande marocaine à l'IMA. D. R.

Entre deux déplacements au Maroc, où il compte parmi les grands investisseurs (y compris au Sahara Occidental occupé) et où il passe également ses vacances, Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi, gouverneur de l’émirat de Sharjah, fait un détour par la capitale britannique. Il y était ces derniers jours pour la dix-septième London Book Fair (Foire du livre de Londres, du 14 au 16 mars) et il même tenu, devant un parterre de journalistes complaisants, une conférence sans aucun intérêt pour les Algériens s’il n’y avait eu ses propos concernant l’indépendance de notre pays, prononcés avec une légèreté provocatrice et vite rapportés par les médias.

Ce qu’a dit l’émir de Sharjah peut être résumé en une phrase : De Gaulle a accordé l’indépendance à l’Algérie pour faire plaisir au président égyptien Gamal Abdel Nasser afin de gagner la sympathie des Arabes. Autrement dit, la résistance qui a commencé dès l’occupation française de l’Algérie, les multiples révoltes malgré la répression coloniale sauvage, les manifestations du 8 mai 1945 et son cortège de martyrs, puis la lutte armée de libération clôturée par un cessez-le-feu négocié à Evian et enfin le vote des Algériens en faveur de l’indépendance, ne sont pour rien dans la décolonisation.

La presse égyptienne, qui a relaté la déclaration de Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi, a fait état d’une colère des Algériens sur les réseaux sociaux et d’appels au gouvernement pour lui répondre. En fait, le gros mensonge livré par la propagande anti-algérienne, selon lequel De Gaulle aurait «donné» l’indépendance à l’Algérie, n’est pas nouveau. Il circule périodiquement, très mal étayé par des citations de livres, dont les mémoires du général lui-même, et dans des formules aussi fantaisistes les unes que les autres. Inutile de dire que les Algériens, qui savent ce qu’a coûté la libération de leur pays, n’accordent aucun crédit à ces balivernes.

Mais la «version» de l’émir de Sharjah et le contexte dans lequel elle est mise en circulation suscitent des interrogations. Qu’est-ce qui peut expliquer cette «sortie» de cheikh Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi ? Se faire valoir en défrayant la chronique par une déformation aussi grossière de la vérité historique concernant un grand pays comme l’Algérie, au prestige encore intact parmi les populations de toute la région ? Peut-être. Il a fini, en effet, par se faire connaître des Algériens.

Des sources crédibles suggèrent de voir plutôt du côté des relations entre l’émir de Sharjah et le Maroc. Elles nous apprennent que l’émir verse beaucoup d’argent à l’Institut du monde arabe pour permettre au Maroc de financer sa propagande anti-algérienne à travers cette institution française. Ce serait pour faire plaisir au roi du Maroc et, bien entendu, à la France qu’il a osé ce dénigrement de la révolution algérienne.

Fait curieux : au début de cette année, à Oran, au 9e Festival international du théâtre arabe, dédié à la mémoire d’Azzedine Medjoubi, comédien et metteur en scène de théâtre assassiné par les terroristes en 1995, huit pièces théâtrales étaient en lice pour décrocher un prix… «Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi». Lors de la cérémonie d’ouverture de cette édition, les participants ont honoré des membres de la troupe artistique du FLN qui a participé à sa façon à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Il faut espérer qu’à la dixième édition, une telle confusion ne se reproduira pas.

Houari Achouri

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