Heurts à Calais ou comment la France réédite les erreurs des années 1990
Par Lina S. – Il fallait s’y attendre. Le discours «humanitariste» dont l’Occident s’est fait le credo depuis les années 1990 finira par provoquer de graves troubles dans plusieurs pays d’Europe. Ce qui s’est passé hier au camp de réfugiés de Calais, dans l’extrême nord de la France, a semé un véritable vent de terreur chez les Français, qui accusent leurs responsables politiques d’un grave laxisme vis-à-vis de la question des migrants.
Les heurts entre réfugiés érythréens et afghans, qui ont fait plusieurs blessés par balles, dont certains sont entre la vie et la mort, ont fait dire au ministre français de l’Intérieur que des mesures devaient être prises pour faire en sorte que ces candidats à l’émigration ne soient pas autorisés à se rendre en Grande-Bretagne – la France n’étant qu’un pays de transition –, pour faire comprendre aux demandeurs d’asile que leur désir de s’établir en Europe est vain.
Les dirigeants français, influencés par des ONG droit-de-l’hommistes zélées, commettent les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs qui ont accueilli les extrémistes du FIS à bras ouverts, alors que l’Algérie faisait face à une montée sans précédent de l’extrémisme religieux, qui déboucha sur une vague de terrorisme d’une ampleur et d’une sauvagerie jamais égalées. Les errements politiques de Mitterrand sont réédités – dans un contexte différent, certes – trois décennies plus tard par Emmanuel Macron.
La France officielle semble prendre sur elle de perpétuer la politique d’ingérence et d’en assumer les conséquences désastreuses depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir, qui a balayé d’un revers de la main les choix géostratégiques de son prédécesseur Jacques Chirac, lequel avait choisi de se libérer de la dépendance à la toute puissance de Washington. François Hollande fera de même en élargissant la présence française au Sahel et en s’ingérant de manière directe dans la crise syrienne, interférant dans la politique intérieure de ce pays livré à une guerre civile qui aurait fait 300 000 morts et dans laquelle la France est partie prenante, puisqu’elle arme et finance les milices armées baptisées «armée libre syrienne» par un complexe médiatique aux ordres.
Les camps de réfugiés, qui ont poussé en Europe au lendemain de ce que l’Occident a, sinon provoqué, du moins encouragé au Moyen-Orient et au Maghreb et auquel il a donné le qualificatif fallacieux de «printemps arabe», sont une véritable bombe à retardement. Non seulement les cohortes de réfugiés fuyant le Sahel, la Syrie, l’Irak et d’autres pays en guerre ou en difficulté ont entraîné dans leur sillage une grave crise sécuritaire, mais leur présence de plus en plus nombreuse en Europe a conduit à l’exacerbation de la xénophobie, dont les effets impactent directement les différentes communautés étrangères établies de façon légale dans les pays d’Europe.
L. S.
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