Algérien abattu par la police à Marseille : la France a institutionnalisé l’impunité
Par Mohamed K. – Dans la nuit du 1er juillet au 2, alors que des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes françaises suite au meurtre du jeune Algérien Naël, un autre Algérien répondant au nom de Mohamed Bendriss a été retrouvé mort au bas de l’immeuble où habite sa mère, à Marseille. Ce jeune de 27 ans aurait été tué, selon Le Parisien qui rapporte l’information, par un tir de LBD.
Suite à cet acte, cinq policiers du RAID ont été placés en garde à vue. Les premières vidéos de la Police judiciaire ont permis, en effet, de repérer la victime sur son scooter, avant de le montrer recroquevillé sur lui-même. Ensuite, l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN, la police de la police ndlr) a pu récupérer deux autres vidéos permettant de voir le moment précis où Mohamed Bendriss a été atteint par deux projectiles. Ce sont ces dernières vidéos qui ont permis de remonter jusqu’aux membres du RAID et les mettre en garde à vue. Trois d’entre eux ont vu cependant leur garde à vue levée.
Le jeune Mohamed, 27 ans, était un livreur Uber. Au moment des faits, et selon des témoignages sur place, Mohamed était sur son scooter avant qu’il en tombe et malgré les massages cardiaques que lui ont procuré les secouristes sur place, ils ne sont pas parvenus à le réanimer. Transporté d’urgence à l’hôpital, il y décédera quelques instants plus tard. L’autopsie révélera un large impact bleu au niveau de son thorax ainsi qu’une blessure à la jambe.
Le rapport du parquet général confirmera cette thèse : «Les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de type flash-ball. Cet impact a entraîné un arrêt cardiaque et donc la mort dans un temps proche.» Alors qu’au micro de RTL, son épouse déclarera formelle : «J’ai la vidéo qui montre que mon mari n’a rien fait. Même la procureure m’a dit que mon mari n’était pas avec les émeutiers. A mon avis, c’est le policier qui lui a tiré dessus. Il l’a vu en train de le filmer, il a tiré avec un flash-ball.»
Quant à l’avocate de la famille, Arié Alimi, elle déclarera sans ambages : «L’ordre qui a été donné de faire intervenir des policiers du RAID qui n’ont pas vocation à intervenir dans des violences urbaines est une faute politique grave. Elle a causé des morts et des mutilations.»
Quant à nous, nous rapportions déjà dans nos précédentes éditions la violence policière, les dépassements, la répression féroce et l’usage abusif de ces «armes de guerre». Au lendemain de la mise en détention d’un policier de la BAC de Marseille précisément, mis en examen pour «violences volontaires, les policiers et leurs hiérarchies avaient exigé sa libération et un traitement juridique d’exception pour les forces de répression». Ce coup de force des policiers vise à imposer la légalisation d’un régime d’impunité totale.
D’autres policiers présents lors des émeutes sont convoqués pour être entendus, selon la procureure de la République de Marseille ; les policiers, eux, réclament un régime d’exception, appelant in fine à une légalisation de l’impunité dont ils bénéficient déjà dans les faits.
Pour rappel, Mohamed Bendriss, jeune ressortissant algérien, marié, père d’un enfant et dont la veuve attend un second, a été retrouvé, selon une source policière proche de l’enquête, cours Lieutaud, dans le centre-ville de Marseille. Son cousin, Abdelkrim Y., algérien lui aussi, a été mutilé alors qu’il se trouvait rue Saint-Ferréol, dans le même quartier, alors qu’il ne représentait aucun danger, selon ses dires.
M. K.
Comment (18)