L’étincelle à Boudouaou ?
R. Mahmoudi – La menace du ministre de l’Intérieur à l’encontre des enseignants grévistes de prendre des mesures musclées en cas de persistance du mouvement de protestation, ne s’est pas fait attendre, puisque, selon les échos qui nous sont parvenus hier, un impressionnant dispositif de sécurité y a été déployé dès le début de la soirée, dans l’attente d’un ordre pour faire évacuer la place. Encore une fois, le gouvernement préfère recourir à la répression pour résoudre un conflit social et prouve, par-là, son incapacité à assurer la stabilité et la paix sociales autrement que par les voies radicales, lesquelles voies ne font qu’approfondir le malaise partagé par de larges franges de la société. Les autorités, notamment le ministère de l’Education, ont-ils épuisé toutes les voies de recours avant de donner l’«assaut» ? Sont-ils conscients des conséquences que peut entraîner une telle décision ? La question n’est plus aujourd’hui de savoir si les revendications des enseignants grévistes sont légales ou non, ni de chercher à comprendre comment a été prise, au départ, la décision de marcher sur la capitale, puis celle d’entamer une grève de la faim au bout d’un périple de plus de 200 kilomètres, même si beaucoup reste à dire sur ce point. Toute la responsabilité morale incombe à Mme Benghebrit – qui a fait montre d’un zèle incompréhensible – et au gouvernement qui, non seulement n’ont pas su anticiper les événements à la veille du fameux concours de recrutement des enseignants, qui risque d’ailleurs de raviver la flamme, mais ont fait l’erreur de traiter le problème sous le seul angle de la loi. Alors qu’il s’agit, dans pareils cas, de privilégier un traitement politique et éthique. Car, avant tout, la situation que vivent les enseignants contractuels et vacataires, pose un problème plus global et plus crucial –celui de la précarité de l’emploi en Algérie – et d’une profonde crise sociale. Un gouvernement est là pour y apporter des remèdes et non pas pour l’aggraver.
R. M.
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