Cette Tunisienne pressentie pour succéder à Béji Caïd Essebsi
Par Karim B. – La déclaration de Rached Ghannouchi après la victoire de Souad Abderrahim aux élections communales résonne comme un message codé à l’ensemble des Tunisiens et du monde musulman. Pour le fondateur du parti islamiste Ennahda, la nouvelle maire de Tunis occupe désormais une fonction «supérieure à celle de ministre et se situe juste au-dessous du chef de l’Etat».
Souad Abderrahim représente l’aile progressiste du parti islamiste tunisien qui semble avoir divorcé définitivement d’avec la secte des Frères musulmans égyptiens, matrice de l’islam politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La maire de Tunis ne porte pas le voile et se présente comme l’icône de l’ouverture d’esprit au sein de ce parti qui s’est démarqué de l’extrémisme religieux et s’est adapté aux temps modernes.
Rached Ghannouchi avait déclaré au lendemain de la prise du pouvoir après la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali que son mouvement ne comptait pas bousculer la société tunisienne, en imposant des restrictions dans le comportement des Tunisiens. Ghannouchi répondait à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il allait interdire le bikini sur les plages et la vente d’alcool dans un pays qui vit essentiellement du tourisme.
L’élection de Souad Abderrahim, militante au sein du parti, pourrait être un premier pas vers la magistrature suprême si l’on en croit la réaction du dirigeant de cette mouvance coprésidée par Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou, prédicateur modéré et très estimé des Tunisiens.
La Tunisie, ce «petit» pays qui a donné une leçon au reste du monde arabe en matière de libertés et de croissance économique sous Ben Ali, puis après la «Révolution des jasmins» à travers une transition apaisée, en dépit des attentats terroristes, montre la voie aux mouvements islamistes – les partis islamistes algériens crispés, entre autres – par sa résolution à maintenir les acquis et à aller de l’avant, tout en sauvegardant la démocratie et en privilégiant le vivre-ensemble et l’ouverture sur le monde.
K. B.
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