L’Israélienne Hass aux Européens : «Ne cédez pas au chantage affectif d’Israël !»
Par Ramdane Yacine – La journaliste israélienne Amira Hass a procédé à une véritable mise à nu de la politique colonialiste israélienne dans une tribune publiée le 14 septembre dernier dans le journal israélien Haaretz.
A l’adresse aux dirigeants européens, Amira Hass leur dit que «condamner l’occupation israélienne ne suffit pas». «Européens, vos dénonciations sont perçues par Israël comme dénuées de caractère urgent. Ce que vous devez faire, c’est appliquer des sanctions douloureuses», leur a-t-elle expliqué.
En s’adressant notamment aux Pays-Bas, à la Belgique et à la France, qui sont partie prenante dans des programmes de solidarité avec les populations palestiniennes, la militante anticolonialiste leur dit qu’«il ne suffit pas de condamner uniquement par des mots la politique de destruction menée par Israël, qui détruit des infrastructures et des habitations financées avec l’argent de vos contribuables». Elle juge que la dénonciation du fait colonial israélien par ces pays-là n’est pas aussi forte que la force de destruction des bulldozers israéliens dans les territoires occupés palestiniens.
Plus téméraire, la journaliste-écrivaine appelle à casser le mythe du juif martyrisé. «Cessez de vous effrayer du chantage affectif israélien. Israël met en jeu le souvenir de nos familles assassinées en Europe afin d’accélérer l’expulsion des Palestiniens de l’ensemble du territoire cisjordanien et de les déporter dans les enclaves de l’Autorité palestinienne», écrit-elle dans sa chronique. Elle explique que l’accélération de l’expulsion des Palestiniens est «l’intention qui sous-tend toutes les démolitions et confiscations ainsi que les interdictions de bâtir, d’élever du bétail et d’irriguer les champs».
La militante anticolonialiste israélienne fait observer que «l’expérience enseigne qu’Israël ne donne pas de permis – ou si peu – de construction dans la Zone C (qui couvre environ 60% de la Cisjordanie)». Elle étaye ses propos par la tentative des Hollandais pour recevoir un permis de l’Administration civile pour un seul projet – un cas test, donc – qui n’a pas abouti à des résultats positifs. En tant que force occupante, «Israël n’a pas le droit de détruire ni de confisquer des propriétés, excepté par nécessité de temps de guerre», rappelle-t-elle.
Dans son réquisitoire courageux contre l’occupation israélienne, la journaliste dévoile les subterfuges utilisés par Israël dans sa politique d’expulsion des Palestiniens. «Sans sanctions, il peut prendre une profonde aspiration et sa foi dans sa capacité à appliquer le plan est solide. Qui donc sait mieux que vous, et que votre voisin allemand en particulier, à quoi mènent les plans d’expulsion limitée, et quelle disposition d’esprit criminelle ils mettent en place dans une société qui planifie ce genre de chose ?» écrit-elle.
Née en 1956 à Jérusalem, Amira Hass est une journaliste et auteur israélienne, surtout connue pour ses colonnes dans le quotidien Haaretz. Elle est particulièrement connue parce qu’elle vit en Cisjordanie après avoir habité à Gaza et qu’elle rapporte les événements du conflit israélo-palestinien depuis les Territoires palestiniens.
R. Y.
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