Monstre à deux têtes

Sénat
Un Conseil de la nation à moitié vide. PPAgency

Par Nouredine Benferhat – La Constitution précédente a été le fait du prince. Elle a été octroyée au peuple après avoir été rédigée par des juristes surtout soucieux de plaire à leurs maîtres. Tout y a été pesé pour préserver les privilèges de ceux qui étaient au pouvoir, et les effets de ces combines peu glorieuses se font dramatiquement sentir aujourd’hui.

La nouvelle Constitution qui nous est proposée est soumise à débat et quelles que soient les critiques que l’on y apporte, elles ne feront qu’enrichir le débat.

Dans ce projet, il est prévu deux chambres. Si cette formule peut se justifier au sein des fédérations où il convient d’équilibrer les pouvoirs de chacun des Etats par rapport au pouvoir central, ou comme en France où, par crainte de la poussée du mouvement ouvrier, le pouvoir, par un subterfuge électoral, a misé sur le milieu rural plus conservateur, la question peut être posée dans un pays comme le nôtre, où il ne s’agit pas d’un problème technique, mais bel et bien politique.

Benjamin Franklin disait déjà du bicaméralisme que cela consistait à atteler un cheval à chaque extrémité de la charrue, l’un tirant en avant et l’autre tirant en arrière. Et, plus prosaïquement, les contribuables algériens ont-ils les moyens d’entretenir un monstre à deux têtes et de financer les privilèges de sénateurs dont l’utilité reste à démontrer ?

N. B.

Comment (4)

    Karamaov
    17 juillet 2020 - 10 h 43 min

    « ou comme en France où, par crainte de la poussée du mouvement ouvrier, le pouvoir, par un subterfuge électoral, a misé sur le milieu rural plus conservateur ».

    Wi mais ça c’était avant.
    Avant quand la montagne était belle . ô oui !

    Pourtant que la montagne est belle
    Comment peut-on s’imaginer
    En voyant un vol d’hirondelles
    Que l’automne vient d’arriver?

    Deux chèvres et puis quelques moutons
    Une année bonne et l’autre non
    Et sans vacances et sans sorties
    Les filles veulent aller au bal
    Il n’y a rien de plus normal
    Que de vouloir vivre sa vie
    Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
    De quoi attendre sans s’en faire
    Que l’heure de la retraite sonne
    Il faut savoir ce que l’on aime
    Et rentrer dans son H.L.M.
    Manger du poulet aux Zormones.

      Blek le Roc
      17 juillet 2020 - 12 h 43 min

      Le Sénat en France première mouture ,le  » seconde chambre  » a vu le jour en 1799 par la Constitution thermidorienne sous le nom  » Conseil des anciens  » , la France à cette époque était majoritairement rurale et paysanne ,l’industrialisation comme au Royaume – Uni commence vraiment avec l’arrivée des machines à vapeur et des chemins de fer vers 1840 et la classe ouvrière ne pesait guère avant 1880 .Il faut rendre à César ce qui appartient à César …..

    lhadi
    17 juillet 2020 - 9 h 25 min

    Au XIX siècle, l’analyse des systèmes politiques s’est bornée longtemps à opposer démocratie (conçue comme un régime évident dans ses principes et facile à mettre en oeuvre) et la tyrannie. Les révolutions depuis celle de 1689 en Angleterre, celle de 1776 aux Etats-Unis et celle de 1789 en France, jusqu’à leurs héritières du XIX siècle, devaient mettre un terme à l’existence de nombre de tyrannie, remplacées par des démocraties. S’y ajoutait une assimilation presque générale entre république et démocratie, dictature et monarchie.

    A l’évidence,la distinction entre république et monarchie n’est plus que formelle. Leur opposition est dépassée : la Suède, le Royaume uni comptent parmi les régimes les plus démocratiques ; la république haïtienne ne l’est guère.

    D’un autre coté, les exigence toujours plus élevées des hommes en matière de droits et libertés amènent à réaliser qu’entre l’idéal démocratique et sa pratique existent nombre de variations : l’accent mis sur telle ou telle liberté conduit à la constitution de régimes fort différents. Le droit au travail, à l’instruction, à l’assistance médicale et sociale étaient plus généralement reconnu dans l’ex U.R.S.S qu’aux Etats-Unis, où, en revanche, les libertés individuelles et politiques jouissent, aujourd’hui encore, d’une meilleure garantie.

    La tyrannie se fait aussi plus insidieuse : les généraux-présidents, les monarques absolus et les présidents à vie se font rares. Désormais, l’absence de démocratie consiste le plus souvent en une pratique inavouable, mais camouflée derrière des institutions garantissant en apparence le jeu régulier des pouvoirs, qu’en une dictature franche se présentant comme telle.

    Même si le crépuscule des dictateurs n’est pas celui de l’autoritarisme, c’est-à-dire l’abus de l’autorité, l’évolution actuelle semble se faire au profit des démocraties pluralistes. Celle-ci, notons-le, se présentent sous des aspects variés ; régimes présidentiels, semi-présidentiels, parlementaire. Elles fournissent les modèles vers lesquels tendent, selon leur caractère propre, les nouvelles démonraties d’Europe de l’Est, d’Asie, d’Amérique latine.

    Il ne s’agit pas pour autant du triomphe définitif de l’idéal : les droits et les libertés économiques et sociales, y compris dans les pays où les libertés publiques sont les mieux garanties, restent largement à conquérir. La démocratie est un combat quotidien, elle n’est jamais entièrement réalisée.

    Entre une république socialiste avec un parti unique qui contrôle l’Etat et la société, une république islamique régie par un double principe : celui d’une constitution écrite de régime d’assemblée auquel se superpose la théorie de la « wilayatal-faqia », c’est-à-dire la « tutelle du docteur de la loi » ou pouvoir de l’imam, une république autoritaire avec un parlement monocamérisme, une république populaire où le parti unique peut éventuellement associer à l’exercice du pouvoir des partis satellites, une république parlementaire où l’instabilité gouvernementale est chronique, il me semble qu’une république semi-présidentielle bi camériste est plus conforme à l’esprit de nos institutions qui réconcilie efficacité de l’action et légitimité démocratique sur la base d’un principe fondamental : « tout commence avec le peuple, tout émane du peuple. »

    Le Président préside, le gouvernement gouverne, le parlement, divisé en deux chambres, contrôle l’action du gouvernement et légifère. Le système bicamérisme a pour but de modérer l’action de la chambre basse.

    Par conséquent, n’est-il pas plus important que le déluge sonore s’abatte sur la tradition algérienne qui veut que chaque président a sa constitution.

    Pourquoi ?

    Parce que, d’une part, la longévité d’une constitution est la synovie d’un Etat fort et d’autre part, gouvernants et gouvernés doivent lui jurer respect, loyauté et fidélité.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Abou Stroff
    17 juillet 2020 - 7 h 52 min

    le sénat et son tiers bloquant nommé par le président ont un rôle et un seul: ils assurent que le dernier mot doit TOUJOURS revenir au président.
    en effet, si le peuple ou « ses » représentants ne « savent » voter ou votent contre la politique d’un exécutif qui applique le « programme » du président, alors, le sénat a toute la latitude pour corriger le vote des hurluberlus qui ne savent pas voter.
    on peut ajouter un phénomène qui n’a pas de rapport direct avec la constitution mais qui découle d’une même logique: la famille révolutionnaire, le ministère des anciens moudjahidines, la plupart, pour ne pas dire tous, les « partis » politiques, etc. sont tous des clients de l’exécutif qui représente le distributeur en chef de la rente. et plus les clients sont nombreux et plus la stabilité du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation est assurée.

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