Comme avant ?

Ouyahia
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. New Press

Par Kamel Moulfi – Ouyahia va-t-il répondre aux attentes de ceux qui ont descendu son prédécesseur ? Va-t-il se préoccuper de leurs intérêts «particuliers» qui seraient menacés plutôt que regarder en priorité vers l’intérêt national, qui est «au-dessus de tout» ?

Le remaniement «chirurgical» opéré dans l’ex-gouvernement en a extrait trois ministres, dont deux ont été à la pointe du combat mené contre les «prédateurs» de l’économie, et il est évident que ce geste vise à rassurer ces derniers.

Tout reprendrait-il comme avant Tebboune ? C’est-à-dire tel que cela a été décrit par les médias: importation de véhicules déguisée en industrie nationale automobile ; devises rares mises dans l’importation de mayonnaise, qui symbolise l’absurdité économique mais montre qu’elle fait facilement la prospérité d’hommes d’affaires «avisés» ; surfacturation pour permettre l’évasion de capitaux ; opérations «magiques» d’export-import du même produit pour en tirer une plus-value considérée comme indue ; foncier agricole gracieusement offert à de faux investisseurs ; prêts bancaires non remboursés ? Et, cerise sur ce gâteau : l’impunité ?

Naturellement ni Ouyahia ni les trois ministres qui ont pris leurs fonctions hier n’ont promis quoi que ce soit dans ce sens. Leurs premières déclarations ont consisté à confirmer qu’ils sont là pour appliquer le programme du Président. Exactement ce que disait Tebboune, qui a commis cependant l’erreur de le décliner en mesures concrètes et de le faire savoir aux principaux concernés et surtout à l’opinion publique.

Donc, Tebboune-Ouyahia, même programme, mais avec changement dans la forme : discrétion totale ? Sans bruit ? Est-ce la mission «silencieuse» d’Ouyahia et des ministres du Commerce et de l’Energie et des Mines ? Y a-t-il une autre voie quand le baril de brent ne peut pas monter plus haut que 50 dollars et que les attentes sociales de la population sont pressantes pour les jeunes (emploi non précaire et logement décent) et tout aussi urgentes pour tous, s’agissant de la santé et de l’éducation, deux secteurs toujours sinistrés ? Les premiers actes d’Ouyahia et des deux ministres, Yousfi et Benmeradi, renseigneront mieux sur leurs intentions.

K. M.

Comment (10)

    Anonyme
    21 août 2017 - 16 h 42 min

    Egal à lui même, il ne sciera jamais la branche sur laquelle il est assis.

    HAMMACHE HASSINA INGÉNIEUR EXPERTE EN CONSTRUCTION
    20 août 2017 - 19 h 40 min

    Le premier ministre, va se mettre à tracer des tangentes et la géométrie dans l’espace n’est pas une mince affaire. Nous ne sommes pas seuls dans l’univers. cette dernière phrase n’est le titre du Livre de Igor Bogdanov

    USMS
    20 août 2017 - 19 h 06 min

    Moi je l’attend sur l’affaire des migrants qu’il a déclarés: « porteurs de maladies, voleurs, violeurs etc… » vas-t-il nous en débarrasser ou bien faire abstraction DE ses déclarations et prendre en compte celle venue d’ailleurs….

    MELLO
    20 août 2017 - 15 h 50 min

    Premièrement, Ouyahia se dit fidèle à Abdelaziz Bouteflika. Il a défendu avec acharnement toutes les décisions, même les plus contestées, prises par le président de la République. Mais Ouyahia n’a pas peur de se contredire. En 1996, il avait soutenu la décision du président Liamine Zeroual de limiter les mandats présidentiels à deux après la révision de la Constitution. En 2008, le même Ouyahia soutient l’ouverture des mandats présidentiels après le léger amendement de la Constitution introduit par le président Bouteflika pour rester au pouvoir. Fin 2011, Ouyahia, qui fait dire à son parti, le RND, tout ce qu’il veut, est favorable, une nouvelle fois, à la limitation des mandats présidentiels à deux. Incroyable capacité de dire la chose et son contraire ! Voilà ce que prévoit mot à mot le signe astral d’Ahmed Ouyahia : «Vous cherchez souvent à retenir l’attention, à jouer un rôle central (…) Reste une indéniable force de caractère qui peut vous mener très loin : balayant un à un les obstacles, vous saurez mieux que d’autres parvenir à vos fins et vous donner les moyens d’une exceptionnelle réussite. Car vous imaginez – à tort ou à raison – votre destin que comme brillant, spectaculaire, en un mot… grandiose ! » Cela fait peur… même si l’on n’est pas obligé de croire les astres. Alors , on ne sait jamais avec si hmimmed.

    Anonyme
    20 août 2017 - 12 h 07 min

    La réponse est oui: il va répondre aux injonctions de ceux qui l’ont élevés au rang de successeur de son prédécesseur. En attendant, qui sait? à la place inamovible….

    A3zrine
    20 août 2017 - 11 h 56 min

    On fera du sur place comme à l’accoutumée mais cette fois ci avec un peu plus de silence, les importateurs continueront de ramener le ketchup et la mayonnaise sauf que la différence on la verra dans la quantité, cette dernière augmentera si le prix du baril de pétrole augmente et baissera si le dix baisse. Toutefois on gardera le même cap, importation, importation et encore de l’importation.

      Bokoflouss
      20 août 2017 - 14 h 01 min

      Q’importe l’importation pourvu qu’on ait l’import.

    lhadi
    20 août 2017 - 11 h 26 min

    Quand Périclès, le grand homme d’Etat et général athénien, était sur son lit de mort, les amis qui l’entouraient, le croyant privé de sensations, commencèrent à donner libre cours au chagrin qu’ils ressentaient pour leur maitre exprimant, en énumérant ses hautes qualités et ses grands succès, ses conquêtes et ses victoires, la durée exceptionnelle de son gouvernement et les neufs trophées des batailles remportées sur les ennemis de la république. Vous oubliez, s’écrie le héros mourant, qui aurait tout entendu, vous oubliez le plus éminent de mes mérites, tandis que vous insistez tant sur ces vulgaires avantages, auxquels la chance a pour principalement contribué, vous avez oublié le fait qu’aucun citoyen n’a jusqu’ici, jamais porté le deuil à cause de moi.

    Une haute ambition, un courage élevé sont, dit Ciceron, susceptibles, dans des caractères imparfaits, de dégénérer en férocité incontrôlée.

    Je le dis, avec la force tranquille qui m’anime, ce n’est qu’en faisant le bien qu’un homme peut vraiment apprécier les avantages qu’il y a à être grand.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

      Anonyme
      20 août 2017 - 12 h 12 min

      Magnifique, si l’hadi, ce rappel liqawmine la ya3qiloun. Mais sais-tu qu’il y a, sémantiquement parlant, du périclès chez nous: on péricl..ite.

    Rien-ne-va-plus
    20 août 2017 - 11 h 24 min

    Une chose est sûre, les choses cette fois-ci pour M. Ouyahia ne seront plus comme avant. Le plus important pour lui en tant qu’énième nouveau Premier ministre, est de réussir coute que coute dans sa politique car c’est vitale pour le pays. Ce n’est pas les soi-disant «démantèlements», « de pétards » de son prédécesseur M. Teboune » avec les hommes d’affaires et les syndicats qui vont remettre les pendules nationales déréglées, à l’heure.
    Malgré son importance le dossier Gouvernement- hommes d’affaires-syndicats reste secondaire par rapport à celui qui toucherait éventuellement en plein fouet la société, son bien-être et son gagne-pain… qui s’érodent de plus en plus dans un contexte très difficile. N’est-ce-pas le désamorçage d’ éventuelles bombes sociales et autres risquant d’exploser qui sont plus préoccupants qu’une réconciliation avec des oligarques toujours mal vus par le citoyen.
    Et si cette nouvelle équipe de M. Ouyahia n’arrivera-t-elle pas à battre en brèche les prédictions pessimistes des experts socio-économiques, au cours des quelques mois qui nous séparent des présidentielles de 2019, et parvenir à les contredire concrètement sur un terrain déjà miné. Ne faut-il pas alors craindre la maxime significative prêtée aux anciens tomber comme un couperet : selon laquelle « De tout temps le peuple algérien n’a jamais agi mais il a toujours réagi ».

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